PRÉFACE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION.
Au moment d’entreprendre une longue étude
morale sur le Poème de la Nature de l’épicurien
Lucrèce, nous croyons devoir déclarer tout d’abord,
pour n’avoir pas à rompre par d’inutiles réfutations le
cours des pensées de notre poëte, que le vif intérêt
qu’il nous inspire n’implique en rien une adhésion
à sa doctrine. La précaution serait vaine, si de nos
jours il ne s’était produit une philosophie assez
semblable à celle d’Épicure, qui considère aussi
toutes les croyances spiritualistes comme des pré-
jugés sans fondement, prétend tout expliquer par
les mouvements de la matière et supprime dans
le monde la cause première et ordonnatrice. Comme
ces doctrines contemporaines qui rappellent l’entre-
prise de Lucrèce sont fort célébrées, il nous paraît
opportun et honnête de prévenir que nous n’avons