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12.

CONTRE FABULLE.

Hier, à ton dîner, tout était parfumé,
J’en conviens ; mais aussi bien maigre était la chère ;
Que me font les odeurs quand je suis affamé ?
Un bon dîner, pour moi, c’est le point nécessaire.
Ne point manger, être embaumé,
C’est le rôle d’un mort étendu dans sa bière.

13.

CONTRE NŒVIA.

Ce lièvre, ce turbot et ce poulet juteux,
Nœvia, ne sont-ils ici que pour la forme ?
Quel scrupule religieux
T’empêche d’entamer ce sanglier énorme ?
Rien n’est cuit, me dis-tu, tout est mal apprêté :
Cette chair saigne encor ! Sévèrement traité,
Ce soir le cuisinier paîra sa négligence.
— De tant de soins pour ma santé,
Je te rends grâce, et ma faim t’en dispense…
Mais, déjà tout est emporté,
Et ton dîner, qui tout entier te reste.
N’aura pour moi rien d’indigeste.