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La palombe roucoule auprès de son époux ;
Près du flamant en feu la perdrix vergetée
Suit le cygne orgueilleux de sa robe argentée.
De sa tour le pigeon s’échappe au moindre bruit,
Et frappe à coups pressés le toit qui retentit.
Le porc glouton s’attache aux pas de la fermière,
L’agneau bêle, invoquant le retour de sa mère.
Bien propres, bien nourris, les fils du métayer,
Rangés en demi-cercle, assiègent le foyer
Abondamment garni du branchage des hêtres,
Qui rougissent le front des pénates champêtres.
Là, point de cabarets, de buveurs fainéants,
Ni de lutteur qui perde et son huile et son temps ;
Chacun a son emploi : l’un, aux grives avides
Va tendre des lacets ou des pièges perfides ;
L’autre, au bord d’un étang amorce le poisson,
Qui vient, saisit l’appât et pend à l’hameçon.
On rapporte à la ferme un daim pris dans les toiles.
Sous de larges chapeaux qui leur servent de voiles,
Les citadins, armés de bêches, de râteaux,
S’occupent, au jardin, de faciles travaux ;
Et de gais écoliers, libres du joug classique,
Goûtent mieux les leçons du précepteur rustique.
Tous ont la main à l’œuvre ; et le moindre valet
S’acquitte avec plaisir d’un travail qui lui plaît.
De clients que l’intérêt guide
Le réveil des patrons à Rome est entouré ;
Le client villageois ne vient pas la main vide.
L’un apporte un rayon rempli d’un miel doré,
Ou d’un fromage épais la blanche pyramide ;
L’autre un loir endormi, surpris dans la forêt,
Ou de la basse-cour le gras célibataire,