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Une seule chlamyde a fait tes dix étés.
Tu ne dépenses rien. La rivière voisine
De bon poisson bien frais entretient ta cuisine.
Pour ta table, ton bois nourrit dans ses halliers
La grive délicate et l’épais sanglier,
Et la plaine se plaît à te livrer ses lièvres.
Tu bois le vin du cru, qui te rougit les lèvres.
La flamme a respecté tes granges, ta maison ;
Le vent d’été jamais ne brûla ta moisson.
Point de vaisseaux : partant, sans craindre des naufrages,
Tu peux dormir au bruit des vents et des orages.
A table, on ne voit pas, debout à ton côté,
Un bel esclave grec chèrement acheté ;
Tu n’as, pour te servir, que la troupe rustique
Qui couronne le soir ton foyer domestique.
Jamais le dé fatal ne s’agite en ta main ;
A quelques noix se borne ou ta perte ou ton gain.
Tu vis sans aucun luxe, et ta parcimonie
Défend chez toi l’entrée à la cérémonie.
Mais réponds-moi, Linus : où sont-ils donc passés
Ces trente mille écus par ta mère amassés ?
Qu’en as-tu fait, dis-moi ? je m’adresse à toi-même,
Car toi seul peux, je crois, m’expliquer ce problème.

67.

CONTRE PRŒTOR.

Au cens de trente mille écus
Pour l’ordre équestre nécessaire.