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A force d’en prendre, dit-on,
Cessa d’en redouter l’atteinte.
Cinna, depuis vingt ans, a tant jeûné, qu’enfin
Le voilà convaincu qu’on ne meurt pas de faim.

79.

À TARANIUS.

Si tu te vois réduit à dîner seul chez toi,
Viens dîner, ou plutôt viens jeûner avec moi.
Mais apprends quelle chère, ami, t’est préparée.
Un saucisson couché sur un lit de purée
Allumera ta soif ; des œufs garnis d’anchois,
Un fin lard, escorté de fèves et de pois,
Un chou bien frais, baigné dans l’huile la plus pure,
Et qui dans un plat noir près d’un jambon figure,
Voilà ce qui t’attend ; ami, ces simples mets
Ne m’ont pas, tu le vois, coûté beaucoup d’apprêts.
Pour fruits, des raisins secs, la poire de Syrie,
Et la châtaigne au feu lentement amollie.
Tu feras en buvant l’éloge de mon vin.
Et si Bacchus encor veut réveiller ta faim,
Je t’offre pour surcroît la verte et douce olive,
Qui, comme exprès pour toi, de Pinénum m’arrive ;
J’ajoute la lentille et le tiède lupin ;
Et voilà, tout compté, le menu du festin.
C’est peu : mais à défaut de meilleure cuisine,
Tu trouveras chez moi bon hôte et bonne mine.
Franc parler, cœur ouvert, entière liberté.
Point d’indiscrets ; partant, pleine sécurité ;