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64.

CONTRE UN DÉTRACTEUR.

Tu ne rappelles point l’austère Fabius ;
Rien en toi ne nous peint l’agreste Curius,
Dont l’épouse rustique accoucha sous un chêne,
Portant à son mari son dîner, dans la plaine
Qu’il sillonnait, aidé de ses bœufs vigoureux.
Fils d’un père sans mœurs et d’une mère infâme.
Toi, qui sembles plutôt l’épouse de ta femme,
Te sied-il de blâmer mes vers partout fameux,
Et d’affecter le ton d’un censeur rigoureux ?
Ces jeux de mon esprit, dont la fortune est faite,
Chez les grands, au sénat, partout on les répète.
Sura, qui de Diane est le proche voisin,
Et qui de son logis sur le mont Aventin
Peut voir les jeux du Cirque, à mes légers ouvrages
Ne refuse pas ses suffrages ;
L’éloquent Régulus les cite à chaque instant ;
L’immortel Silius les aime, les accueille,
Et daigne leur donner place en son portefeuille.
Je dis plus : l’empereur lui-même, assez souvent,
Au milieu des travaux qu’entraîne un vaste empire,
Sait trouver le moment de les lire et relire.
Mais ton esprit, apparemment divin,
N’a point d’égal, et ta raison plus saine
Aux leçons de Minerve a puisé dans Athène