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Un tact, un goût plus pur, un jugement plus fin.
Eh ! malheureux ! ton goût, ce goût dont tu te vantes,
Peut tout au plus juger les vapeurs rebutantes
Qu’exhalent les débris dont un boucher sanglant
Offense le regard et le nez du passant !
Et pourtant contre moi ta verve poétique
Ne craint pas d’exercer sa rage satirique !
Pauvre papier perdu que personne ne lit !
Prends garde, cependant ! si ma bile allumée
De stygmates brûlants une fois te flétrit,
Tout l’art de Cinnamus, malgré sa renommée,
N’en effacera point l’empreinte envenimée ;
Et ton nom conspué, courant dans l’univers.
Pour ta honte y vivra tant que vivront mes vers.
Prends pitié de toi-même, et crains dans ta folie,
Mordant un ours vivant, d’éveiller sa furie.
Il est paisible encore, et même caressant ;
Mais, jouant avec lui, si tu vas l’agaçant,
Si tu le blesses, tremble ! en sa juste colère,
L’animal offensé reprend son caractère,
Il redevient un ours. Pour exercer ta dent,
Crois-moi, choisis un ours qui ne soit pas vivant.

65.

À TUCCA.

L’épigramme est, chez moi, traitée en hexamètre ;
Tu m’en blâmes, Tucca ? Qu’y vois-tu d’étonnant ?