Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/288

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C’en est fait ! il ne lira plus
Ces jeux badins où mon esprit s’amuse.
Funeste Cappadoce, ô séjour dangereux
Qu’il visita sous le plus noir auspice,
Toi qui fus de sa mort et témoin et complice,
Devait-il approcher de tes bords malheureux,
A son père éploré si tu ne devais rendre
Que de froids ossements, qu’une insensible cendre ?
Ton fils chéri n’est plus, Bologne ! prends le deuil,
Des pleurs les plus amers arrose son cercueil,
Et remplis de tes cris la voie Émilienne !
Eh quoi ! si jeune encore ! près de l’Alphée à peine
Il avait vu cinq fois couronner le vainqueur,
Et la mort tout à coup l’a ravi dans sa fleur !
Toi qui lisais mes vers, et qui dans ta mémoire
Aimais à déposer ces fruits de mes loisirs,
Rufus, avec mes pleurs et mes tristes soupirs,
Reçois ce grain d’encens que je brûle à ta gloire
Lorsque tu ne vis plus que dans nos souvenirs !

86.

CONTRE LES BUVEURS D'EAU.

De Cécube et Falerne, ô nectar précieux !
Que la neige a saisi d’un frais délicieux,
Quand pourrai-je, affranchi d’un régime sévère,
Au gré de mes désirs te sabler à plein verre ?
Bacchus, pour tes amis réserve tes douceurs ;
Et qu’ils en soient privés, tous ces tristes buveurs
Dont le cœur sec, ingrat, à ton divin breuvage
Préfère de Midas l’opulent héritage !
Que sont, au prix de tes faveurs.