Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
XXXIX
Heureux vieillard, tu conserves tes champs !

A ce vers de notre poète, je regarde de plus près le vieux tribun. O malheur de la poésie ! ô vengeances cruelles ! Cet homme dont votre impitoyable empereur faisait un soldat à l’âge où tous les hommes prennent leur retraite, ce malheureux sans asile, sans amis, sans famille, qu’un despote sans cœur envoyait, à la suite de ses jeunes soldats, mourir dans sa lourde armure, dans quelque contrée lointaine voisine des glaces où Ovide expira, le croirais-tu, Sextus ? c’était le plus grand, le plus illustre, le plus généreux poète de la ville de Rome : c’était Juvénal !

A la vue de cet homme, l’honneur impérissable de notre siècle, partant pour l’exil à cet âge et dans cet appareil, je me pris à pleurer et à remercier les dieux, qui m’avaient donné, loin de Rome, les compagnes qui me restaient.