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Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/524

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LIVRE DOUZIÈME.

PRÉFACE.

M. VALERIUS MARTIAL A PRISCUS SON AMI, SALUT.

Je sais qu’il est à propos que je me justifie de la paresse opiniâtre qui me domine depuis trois ans, paresse qui ne trouverait pas d’excuse suffisante, même à Rome, dans les devoirs sociaux, qui ne sont pas moins importuns à ceux qui en sont l’objet qu’à ceux qui sont obligés de les rendre. A plus forte raison est-elle inexcusable dans la solitude de la province, où le besoin d’un travail assidu et sans distraction pourrait seul me faire pardonner ma retraite absolue. Il est cependant quelques moyens de défense que je puis faire valoir en ma faveur. Le premier et le principal, c’est que je ne trouve point ici l’oreille exercée des citoyens auxquels j’avais l’habitude de m’adresser, et il me semble que je plaide dans un barreau étranger. En effet, si dans mes légers écrits il se rencontre quelques agréments, c’est à mes auditeurs que j’en suis redevable. Ce goût judicieux et fin, cet heureux choix de sujets, ces bibliothèques, ces théâtres, ces conversations où l’on s’instruit en se divertissant et sans s’en apercevoir ; tous les avantages