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Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/581

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Et vous prêchez dans le désert. Chaque chose a sa place : au sortir de la table, Qu’après le café pris (notez bien), l’hôte affable Pour réunir chez lui tous les plaisirs divers, Offre de lire une œuvre instructive, agréable, J’applaudis des premiers à son idée aimable, Et j’en digère mieux son dîner et ses vers. Il est vrai, quelquefois, qu’un incivil convive, Dîneur banqueroutier, quand la lecture arrive, L’estomac bien lesté, furtivement s’esquive ; Mais un pareil suffrage est-il à regretter Pour qui pèse les voix au lieu de les compter ? Voilà les bons repas, les repas que j’envie, Tels que j’en ai souvent rencontrés dans ma vie. Mais que durant tout un dîner L’auteur amphitryon sans pitié vous assomme, Sans que, sous peine de jeûner, Vous puissiez vous permettre un somme ; Que pour payer un malheureux souper, D’une insupportable lecture, Sans aucun moyen d’échapper, Vous vous voyiez contraint de subir la torture, C’est un assassinat, un affreux guet-apens. Oui, si jamais il faut qu’on m’y reprenne, Je le déclare net, de bon cœur je consens Que jamais, vers le soir, l’appétit ne me vienne Ou que toujours je dîne à mes dépens !

FIN