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l’église des minimes

comtes ; il se rabattit sur des bénéfices roturiers et en prit un peu de toute provenance. Dès l’année qui suivit sa première tonsure, reçue le 17 décembre 1580, il entra au chapitre de Saint-Just, plus tard il appartint aussi à celui de Saint-Paul et occupa une chevalerie à Saint-Jean. Nous le voyons simultanément prébendier de Saint-Pierre à la collégiale Saint-Just, de Saint-Blaise fondé par un prêtre du nom de Ferrières à Écully, de Sainte-Catherine à Saint-Laurent, de Sainte-Marie et de Saint-Guillaume à la chapelle de l’Annonciade de Saint-Paul, à Chamelet de Saint-Bartliélemy, à Rive-de-Gier de Saint-Sébastien, de Saint-Clair et de Saint-Denis de Monfauvey à Saint-Nizier-le-Désert, enfin dans la Primatiale il détenait une des quatre chapellenies de Gasle. Le lot est joli et il nous reste à citer la cure de Saint-Barthélemy-Lestra et la charge de recteur de l’Université de Valence où il fut élevé le 2 janvier 1637. C’est en 1611 que lui était échue la dignité d’obéancier, la première de sa compagnie, et dès 1625 il avait entrepris la bâtisse Minimoise.

L’église conventuelle, par cette addition, fut à peu près doublée d’étendue ; on déplaça le maître-autel pour le transporter au chevet de la partie neuve ; l’entrée fut percée dans l’ancienne abside qu’on orna d’une tribune et les chapelles demeurèrent dans la partie réservée au public. L’édifice est à une seule nef ; d’une belle élévation, avec une voûte aux arêtes ogivales, les fenêtres cependant à plein cintre. Il serait difficile de caractériser ce style, sinon en le désignant comme le style canonique de l’ordre, car d’autres monastères de Saint-François de Paule offrent le même type : pauvre, austère, sans ornements et, autant qu’il est permis d’en juger après toutes les transformations subies, comportant plus de rigidité que d’élégance, plus de simplicité que de recherche ; il n’a évidemment que très peu de la Renaissance qui le vit commencer et rien du grand siècle qui l’acheva. Les rites de la consécration solennelle furent accomplis, le lundi de la Pentecôte, 2 juin 1653, par l’évêque d’Autun, administrateur du diocèse de Lyon, le siège vacant. Ce prélat, Louis Doni d’Attichy, était un ancien religieux de l’ordre et, par la mort du cardinal de Richelieu, il avait pleine juridiction. Une inscription, toujours scellée à la muraille, conserve la mémoire de cette journée et de ces circonstances.

En nombre impair, quatre à gauche et cinq à droite, les chapelles s’ouvraient dans le mur par une large baie et elles s’étaient ajoutées, les unes aux autres, à différentes époques, selon les libéralités de leurs fondateurs. Celles du côté droit ou de l’épître étaient dédiées, la première à saint Antoine et à sainte Marguerite, la deuxième à sainte Marie-Majeure, la troisième à saint Pierre, la quatrième à saint Nicolas, la cinquième à Notre-Dame de Pilié ou des Affligés. Un face, dans le même ordre, les vocables étaient saint Denis et sainte Geneviève, le Saint-Esprit, Notre-Dame-de-Bon-Secours et saint François de Paule. Ces attributions n’ont pas été absolument fixes : par exemple, la chapelle de Saint-Nicolas vers 1742 fut dédiée au Crucifix et enrichie d’indulgences pour la bonne mort ; à l’origine, je crois qu’elle était placée sous l’invocation des Rois Mages. La chapelle du Saint-Esprit était souvent désignée sous le nom de Saint-Joseph, parce qu’elle renfermait un beau tableau, de la main de Guillaume Périer, représentant ce juste mourant entre les bras de Jésus et de Marie. Saint-François avait été précédé par Notre-