Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome I.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
histoire des églises et chapelles de lyon

à peu près exclusivement à la continuation de l’église, François de Chalvet, seigneur de Ferlus, se trouve au nombre des exécuteurs de ses dernières volontés.

Le P. Guichard avec ses compagnons eurent d’abord pour cloître la maison que leur vendit un bourgeois lyonnais, Laurent de Corval, par contrat du 20 avril 1553, sur le chemin public tendant de Saint-Just à Fourvière et à Saint-Paul. Ils s’y accommodèrent le moins mal possible et préparèrent le temple qu’ils voulaient élever à Dieu. Ils furent à même d’en poser la première pierre le 25 mars 1555 : M. de Vichy fit la cérémonie et la bénédiction fut prononcée par l’évêque auxiliaire de Lyon, Jean Bothéan, cordelier, titulaire de Damas. Le monument futur fut placé sous le vocable de l’Assomption de la Vierge Marie.

Il n’avait point encore reçu sa toiture, lorsque les Réformés, sous la conduite du fameux baron des Adrets, s’emparèrent de Lyon et exercèrent en particulier dans le faubourg de Saint-Just et Saint-Irénée les dévastations les plus violentes. Qu’entreprendre contre des murailles à peine sèches ? L’inventaire de la maison s’accomplit cependant le 8 mai par Antoine Pupier : les moines avaient pris la fuite et confié leurs clefs à un voisin. Giraud Grangeon, hôtelier de la Croix-Blanche, qui ouvrit les portes. Les chambres avaient conservé peu de meubles, tables de noyer, lits de sapin, tréteaux, coffres et garde-robes, communément enregistrés avec la mention : « De peu de valeur ». À la salle de travail, on releva « un dressoir d’étude auquel s’est trouvé six livres, sçavoir, deux bibles, des Psalmes de David, la légende Dorée, les Saints-Pères, en italien la grandmaire de Nobrijencis » embryon d’une bibliothèque, dont plus tard le savant bénédictin dom Estiennot signalera l’importance.

La paix conclue, les Minimes exilés rentrèrent et se signalèrent bientôt parmi les antagonistes les plus redoutés de l’hérésie ; dans leurs sermons ils abordaient sans détour les matières de controverse, réfutaient les erreurs importées de Genève et ils ne craignaient pas de se mesurer corps à corps, dans des conférences publiques, avec les plus célèbres ministres de la Réforme. Ces missions, où ils associaient le zèle et la science théologique, leur valurent une sérieuse popularité : plusieurs y acquérirent une renommée qui leur a survécu. Le P. François Humblot, le P. Rolland Guichard, le P. Jean Rospitel, devenu plus tard évêque suffragant, exercèrent un apostolat qui contribua pour une part sensible à la conservation de la foi romaine ; tous payèrent largement, soit dans la chaire, soit au chevet des pestiférés, leur droit de cité.

Au dedans la communauté se développait, en même temps qu’elle étendait au dehors son action et ses services : on jugea utile d’agrandir la chapelle, ouverte aux fidèles, et d’en doublera peu près l’étendue. Un doyen de Saint-Jean avait été jadis le fondateur de la première partie, celui de la nouvelle fut l’obéancier de la collégiale Saint-Just et ses libéralités payèrent entièrement la construction. Cet insigne donateur, Maurice de Fenoyl, dont il convient d’esquisser quelques traits biographiques, descendait d’une famille lyonnaise, dont les membres, après avoir exercé la charge notariale, avaient obtenu des grades supérieurs dans la milice bourgeoise. Sa noblesse, encore dépourvue des quartiers obligatoires, ne lui permit pas d’être admis dans l’illustre chapitre des