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histoire des églises et chapelles de lyon

pour cimier d’une tête de limier. Ce portail est celui de l’ancienne chapelle. « Voici l’entrée de l’une des plus vénérables églises de la ville », dit l’almanach de 1735. De chaque côté du portail est une inscription sur marbre noir. À gauche, c’est une demande de charité pour les pauvres. À droite on lit ces mots : « Tombeau de saint Pothin, martyr, premier évêque de Lyon », inscription inexacte puisqu’il eût fallu mettre : cachot où mourut saint Pothin. « Les cryptes de Saint-Nizier et d’Ainay », ajoute un chroniqueur, « se glorifient avec raison d’avoir possédé une partie des cendres des quarante-huit martyrs de la première persécution ». Mais si l’on entre dans l’ancien cloître des Visitandines, et qu’on descende un petit escalier, on se trouve en présence d’une seconde plaque de marbre portant cette inscription : « L’Église de Lyon, par une tradition constante, a toujours vénéré ce caveau comme la prison où saint Pothin, son premier apôtre, fut enfermé avec quarante-neuf chrétiens, et où il consomma son martyre sous l’empire de Marc-Aurèle, en l’an 177 de l’ère chrétienne. »

Dans un ouvrage destiné au grand public, il ne peut être question d’entamer des discussions archéologiques et de fatiguer l’esprit du lecteur par des minuties et des aridités. Mais il importe d’affirmer hautement que la croyance à l’authenticité de la prison Saint-Pothin est libre, et qu’elle ne se réclame ni de ces arguments historiques qui entraînent la certitude absolue, ni d’une tradition remontant, comme il serait nécessaire, aux premiers siècles. Il est possible que le palais du gouverneur ait occupé l’emplacement de l’Antiquaille, que les prisons aient été creusées sous le palais, dans des grottes naturelles, mais il n’y a là que des possibilités. Il semble pourtant que l’on puisse assurer ceci : le voisinage du forum d’une pari, de l’amphithéâtre et du théâtre de l’autre, indique la présence, presque nécessaire, non loin de là, du palais impérial. Ceci ne suffit point en tous cas à permettre de l’identifier absolument avec les bâtiments de l’Antiquaille. Sans doute, y rencontre-t-on fréquemment des mosaïques, des fragments de sculpture, des statues, ainsi que des corridors souterrains, mais il en va de même sur toutes les parties de la colline de Fourvière. Il existe dans l’enclos de la Compassion un magnifique corridor souterrain. Nous avons pu en explorer deux autres près du Chemin Neuf, lorsqu’on perça récemment le tunnel du funiculaire Saint-Jean-Fourvière. Au chemin de Montauban, il s’en trouve trois bien connus, et deux dans la propriété des Minimes. Quant aux fragments de sculpture et aux inscriptions, on en trouva en abondance lorsque l’on construisit la nouvelle maison des Jésuites, de la montée de Fourvière, comme on peut le lire dans une importante étude publiée à cette époque par le P. Tournier.

Quoi qu’il en soit, nous garderons ici une impartialité absolue. Sans vouloir entrer dans la discussion des deux opinions : celle qui se réclame de la tradition et celle qui lui dénie toute authenticité, nous nous contenterons de résumer l’histoire du caveau d’après les traditionalistes, de décrire son état actuel et sa splendide restauration.

À dater du ive siècle environ, on ne sait ce que devint le palais des préfets du prétoire. Si, vers le ixe siècle, qui vit crouler le Forum lyonnais, il existait encore, peut-être fut-il transformé en quelque grand manoir. Jusqu’au xve siècle, on ne trouve nulle indication, sinon celle de Ménestrier qui est très brève. À cette époque, un lettré lyonnais, Pierre