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histoire des églises et chapelles de Lyon

La maison de Saint-Jean ne faisait pas seulement des constructions, elle obtenait aussi des merveilles. Un fait extraordinaire que plusieurs qualifièrent de miraculeux se produisit grâce à l’intercession du bienheureux Vianney, curé d’Ars, décédé depuis trois ans et pour lequel on avait dans la maison un vrai culte. Une enfant de la providence, Adélaïde Joly, âgée de neuf ans, s’étant heurtée contre un mur en tombant, fut atteinte d’une tumeur blanche au bras gauche. Les médecins désespéraient de la guérison ; un lacet des souliers du vénérable serviteur de Dieu, fut appliqué sur le bras de la patiente pendant une neuvaine de prières. La guérison survint de suite, et fut tellement complète que bientôt il ne subsista plus aucune trace de la maladie. Ce récit est l’extrait textuel du décret de la Congrégation des Rites, du 18 février 1904, déclarant l’authenticité de ce miracle en vue de la béatification du vénérable serviteur de Dieu. Une seconde grâce fut obtenue en 1864, en faveur de sœur Callamand. À la suite d’un rhumatisme à la tête, qui avait commencé le jour même de ses vœux, le 15 octobre 1840, elle avait perdu l’œil droit. Une neuvaine faite à saint Jean Népomucène, lui avait obtenu la guérison du rhumatisme, mais son œil resta dans le même état. Il demeura privé de la vue pendant vingt ans. En 1863, sœur Callamand fut menacée de perdre l’œil gauche ; malgré les traitements des médecins, son état empirait, et elle finit par être obligée de cesser tout travail ; elle ne reconnaissait pas une personne à deux pas. En 1864, M. Étienne, de passage à Lyon l’autorisa, pour obtenir sa guérison, à faire une neuvaine et à aller assister à Dax, à l’inauguration du monument érigé au lieu de la naissance de saint Vincent. La neuvaine devait se terminer le 24 avril, jour de l’inauguration. Beaucoup de personnes, surtout à Lyon et à Alger, s’unirent à cette neuvaine, et en particulier les 200 enfants de Marie de Saint-Jean. Elles priaient avec tant de ferveur, qu’elles se tenaient pour sûres d’être exaucées ; au moment même où la procession se faisait au bureau de saint Vincent, elles montaient au Chemin-Neuf à la chapelle des missionnaires portant chacune un cierge et un chandelier auprès de la relique du saint fondateur pour le remercier d’avance de la guérison obtenue par son intercession. Au Bureau, cependant, la journée se passait sans modification et sœur Callamand se résignait à reprendre le chemin de Dax avec son infirmité, lorsqu’elle eut la pensée de demander sa guérison, non plus pour elle-même, mais pour récompenser la foi de tant de jeunes cœurs. Elle repartit, et sur la route de Dax, bordée de peupliers, elle commença à voir. Une seconde neuvaine fut commencée pendant laquelle elle allait deux fois par jour au monument de saint Vincent, et son œil alla de mieux en mieux. Elle persévéra dans la prière et à la fin de la cinquième neuvaine, l’œil était parfaitement guéri. Depuis, elle put reprendre son travail et le continuer sans éprouver la moindre fatigue. Tel est le résumé de la relation qu’elle en fit elle-même et que M. Étienne inséra dans sa circulaire du 4 août 1864, où il raconta huit autres miracles obtenus par l’intercession de saint Vincent.

Aujourd’hui les œuvres dirigées par les Filles de la Charité sont plus nombreuses et plus prospères que jamais. Après la guerre surtout, et sous la ferme impulsion de Mgr Ginoulhiac, la maison du Doyenné s’est agrandi et décoré. Le matériel n’a pourtant pas diminué le spirituel et le lecteur ne constatera pas sans émotion que ces religieuses.