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histoire des églises et chapelles de lyon

religieuses réformées de Cîteaux, dites vulgairement Bernardines, n’eurent pas, à beaucoup près, pour cela les commodités ni les secours qui ne manquèrent point à d’autres religieuses cloîtrées. Il semble qu’avant d’avoir reçu, le 30 octobre 1632, du cardinal de Richelieu, archevêque de Lyon, la permission de construire et de se fixer solidement, elles eussent fait, pour s’adonner à quelqu’une des multiples œuvres rémunératrices que leur permettait la règle de saint Benoît, commentée par saint Bernard, diverses tentatives témoignant qu’elles manquaient de protecteurs assez généreux ou de ressources suffisantes.

Parmi les titres qu’elles présentèrent à l’autorité diocésaine, afin d’obtenir son adhésion, on trouve un concordat conclu par François d’Angley et Constant d’Allimandé, de l’ordre de Saint-Benoît, « pour donner au sieur Meurony, licence de fonder une rente et une chapelle à l’usage de religieuses qui se donneraient au soin des enfants et à divers travaux de miséricorde ». Une autre pièce qu’elles n’exhibèrent pas, prouve que, vers 1627, c’est-à-dire un peu avant ce concordat qui paraît être de 1629, elles s’étaient aussi efforcées de fonder une de ces petites écoles qui furent, dès la fin du xiie siècle, parmi les premières occupations des Cisterciennes et qui, restaurées au xviie siècle dans un esprit moins monacal, nourrirent le zèle de quelques-uns des réformateurs de la discipline ecclésiastique durant cette féconde période.

D’ailleurs, lorsque force leur eut été d’accepter les conditions assez vagues que leur imposa, pour le temporel, le pieux primat, elles ne renoncèrent pas tout à fait à l’enseignement. Elles prirent des « pensionnaires à étudier », suivant les termes d’une lettre de la première supérieure à M. Pallet, secrétaire de l’archevêché, celui qui avait signé par mandement leur lettre d’institution. De cette lettre même, il ne se peut rien tirer qui nous éclaire sur ce que l’on attendait de leur intelligence et de leur activité. Quant aux « pensionnaires à étudier », étudiaient-elles dans la clôture, comme ce fut la coutume des Bénédictines primitives et dès lors se destinaient-elles par une sorte de postulat prolongé au noviciat et à la profession ? On l’ignore et il n’importe, car dès 1642, « ordre fut donné aux religieuses Bernardines de ne plus se distraire à cet embarras ». Cela leur était signifié, sans métaphore, par le vicaire général.

D’embarras, hélas, elles en connaissaient déjà bien d’autres et des pires, des embarras d’argent. Elles avaient reçu, dès le 5 janvier 1633, de Claude Pellot, seigneur du Port-David, chancelier, conseiller du roi, trésorier général de France en la généralité de Lyon, prévôt des marchands, « permission de s’établir en telle maison qu’elles voudraient, sous réserve d’observer les règlements du consulat sur l’alignement ». Louis XIII, en avril de la même année, les autorisa à « bâtir un couvent où et comme il leur serait plus commode ».

Faute de crédit, elles ne purent commencer à construire qu’en 1639, au lieu qu’elles avaient tout d’abord choisi et qui était voisin de celui où elles habitaient, une maison provisoire et dépourvue de tout agrément, « proche la place d’armes de la montée de la Croix-Rousse ». C’est tout ce que précise un mémoire de la mère Guiguet, avec laquelle on fera plus ample connaissance. Toutefois, antérieurement à cette époque, elles avaient acquis des propriétés soit à Lyon, soit à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, ce qui ne laisse pas