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carmélites

avaient quitté Notre-Dame de Compassion, dès le 4 octobre 1792, mais non sans la ferme résolution de persévérer, quoique dispersées par petits groupes, dans leur règle et dans la soumission à leur prieure. Cinq d’entre elles se réfugièrent dans une maison particulière près du rempart d’Ainay où vinrent les renforcer, pendant le terrible siège du 8 août au 9 octobre 1793, onze Clarisses aussi courageuses. Elles ne furent incarcérées que le 11 février 1794, sur leur refus de prêter le serment. On les mit en liberté trois jours après ; mais le 26 mars elles furent arrêtées de nouveau, et, le lendemain, envoyées au tribunal révolutionnaire. Condamnées à la détention, elles recouvraient leur liberté, le 19 novembre suivant, quatre mois après le neuf thermidor. Quelques-unes se rassemblèrent dans la maison de Jonage à Bellecour, sous la direction de l’ancienne prieure, la mère Goutelle.

Paul de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon.

En 1802, elles étaient douze, vivant pauvrement, ne se soutenant guère que d’aumônes. Le gouvernement impérial n’autorisait que les congrégations vouées à l’enseignement et au soulagement des malades : elles gardèrent donc, de 1804 à 1814, l’habit séculier. Le 6 janvier 1815 enfin, monseigneur Fesch leur rendit la clôture. Le carmel renaissait, non plus à l’antique Gella, mais à la montée Saint-Barthélemy, dans l’ex-maison de la Providence. En 1855, il fut transféré à Fourvière où il se trouve encore. L’église Notre-Dame de Compassion a été démolie en 1821. Les spéculations de quelques entrepreneurs ont fait disparaître ce monument remarquable, remplacé aujourd’hui par la maison qui porte le n° 20 sur la montée des Carmélites et les numéros 19 et 21 sur la rue Tolozan.

Bâtie, comme le monastère, aux frais de Nicolas de Neuville, premier maréchal de Villeroy, l’église coûta à celui-ci plus de 60.000 écus. Elle fut commencée en 1668 ; le vaisseau fut achevé dès 1670, mais la façade ne fut terminée qu’en 1682.

L’archevêque Camille de Neuville en dirigea la construction et en fit la consécration, le 30 novembre 1680. Il présida aussi à l’édification de la chapelle Villeroy. Le plan, levé en l’an XIII, par les architectes Turrin et Durand, montre le détail intérieur du monastère : l’église et la chapelle attenante, la cour à l’occident, à l’orient le vaste chœur, la sacristie et deux cours en liane achevant le carré, au nord le jardin de grande étendue.

L’ensemble offrait de la symétrie et assez de majesté. Le portail de l’église était d’une composition singulière. La partie d’en bas n’avait d’autres ornements que deux