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charlottes

elle alla bientôt, elle aussi, recevoir sa récompense. L’œuvre ne devait pas périr pour cela : Jeanne-Louise Juliand, soutenue par les dames du bureau, sut, non seulement la conserver, mais encore lui donner une forme régulière et toute la stabilité possible. Elle réunit ses associées dans un local convenable et sous une règle précise, puis elle sollicita des supérieurs ecclésiastiques, pour les mieux lier entre elles et se les attacher plus fortement, l’approbation des statuts et l’érection de la communauté en congrégation. Monseigneur de Pins l’inclina plutôt à s’affilier aux sœurs de Saint-Joseph, ce à quoi elle consentit avec ses compagnes : elles revêtirent l’habit le 16 mai 1826.

Jeanne-Louise Juliand, en religion sœur Sainte-Anne, était une personne d’humeur spontanée et vive qui ne se rebutait jamais. Un jour qu’elle quêtait dans un café, un libertin osa la frapper. « Voilà qui est bon pour nous, dit-elle, mais cela ne fait pas le compte de nos prisonniers » ; le libertin, étonné, donna à l’instant son aumône, sans mot dire. Le règlement général de la société, tel qu’on le trouve imprimé en 1832, classe définitivement les Charlottes en distributrices, lectrices, peigneuses, bienfaitrices. Ces humbles bataillons, aux noms pittoresquement modestes, ont connu des fortunes diverses durant la seconde moitié du siècle passé.


TRINITAIRES

Cette œuvre fut fondée, le 15 janvier 1711, par Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon, à la montée Saint-Barthélémy, devant le monastère des Récollets. Son successeur François-Paul de Neuville de Villeroy la fit autoriser, sous le nom de maison ou hôpital de la Providence, par lettres patentes du roi, du 17 mars 1716, avec les privilèges ordinaires accordés aux hôpitaux. Des religieuses Trinitaires la dirigeaient tandis que le temporel en était confié à des administrateurs séculiers : par là elle resta unique en son genre à Lyon pendant plus d’un siècle. « Messieurs les prévôts des marchands et échevins en sont les principaux bienfaiteurs », dit l’almanach de 1744.

Une note trouvée dans les archives donne les précieux renseignements que voici : « Parmi tant d’établissements qui font un si grand honneur à la charité des citoyens de cette grande ville, celui-ci est un de ceux qui méritent le plus l’attention des âmes pieuses. Elle a été fondée pour élever de pauvres jeunes filles dont l’innocence court des dangers imminents au contact de parents dépravés. Aucune n’y est admise avant l’âge de sept ans ni au-dessus de celui de neuf ; l’éducation des enfants est confiée à des religieuses appelées de la Trinité, lesquelles se consacrent à leur apprendre les principes de la religion, à les former à la vertu et à les mettre à même de gagner leur vie au sortir de l’établissement. Tant qu’elles demeurent dans la maison, leur travail est une petite ressource pour leur