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et établit aussitôt ses filles rue du Griffon, aux Terreaux, près la chapelle Saint-Claude, sur la paroisse Saint-Pierre, dans un petit logis qu’avait acheté pour elles leur fondatrice temporelle, Mme Renée Trunel, veuve de M. d’Auxerre, président et lieutenant général de Forez. Le 2 février, fête de la Purification, l’archevêque célébra pontificalement la messe dans la chapelle improvisée et y exposa le saint sacrement ; M. Sordelot, pieux ecclésiastique, fit une solide exhortation, et dès ce jour la clôture fut gardée et la règle d’Annecy rigoureusement observée. Neuf mois après, la modeste chapelle s’emplissait d’une foule brillante venue pour assister aux obsèques de Mme d’Auxerre, devenue sœur Marie-Renée, et décédée, selon sa prédiction, après neuf mois seulement de vêture, mais non sans avoir prononcé ses vœux. « La maison, lit-on dans le manuscrit de la fondation, n’étant pas bâtie régulièrement, ni commode pour y avoir une sépulture, on supplia très humblement les dames de l’abbaye royale de Saint-Pierre, ordre de Saint-Benoît, dans la paroisse de laquelle on était, de donner sépulture chez elles à notre défunte : elles tinrent à honneur d’accorder la grâce qu’on leur demandait. »

Plan de l’ancien Couvent de la Visitation.

Malgré l’incommodité du lieu, les Visitandines restèrent rue du Grillon, exactement deux années cinq mois et treize jours, pendant lesquels se firent la profession religieuse de Marie-Françoise Rellet, Françoise-Jéronyme de Villette, première supérieure de Saint-Étienne, Marie-Catherine et Anne-Louise de Villars, Anne-Marie Chevalier et Jeanne-Françoise Étienne. Au départ de la mère de Chantal, Marie-Jacqueline Favre avait été nommée supérieure ; elle se mit en quête d’une habitation mieux séante et ne tarda pas à la trouver. Au prix de trente mille livres, dont monseigneur de Marquemont se porta garant, elle acheta du sieur Thiery une maison à Bellecour, paroisse Saint-Michel ; le prélat prêta en outre trois mille livres, sans intérêt. La communauté se transporta dans sa nouvelle demeure, le 14 juin 1617, accompagnée de la comtesse de Chevrières et de plusieurs demoiselles de qualité ; cette même année, la mère Favre acheta la petite maison Richard et en 1620, la mère de Blonay acquit un terrain proche de celui de M. Thiery, afin de rendre le grand jardin carré. Cette dernière fit également dresser les murs de clôture et planter les vergers.

Pendant les dix années environ qui suivirent la translation, la Visitation Sainte-Marie de Bellecour, — tel fut le vocable définitif du couvent — n’eut, comme dans la rue du Grillon, qu’une chapelle provisoire, avec un seul autel. Toutefois, les Visitandines ont