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histoire des églises et chapelles de lyon

veli avec deux martyrs de la persécution de Marc-Aurèle, Épipode et Alexandre. L’édifice, dont parle notre historien, n’a pas cessé d’occuper sa première place, et, malgré d’innombrables remaniements, il conserve à peu près les mêmes dispositions : c’est aujourd’hui l’église paroissiale de Saint-Irénée. Quelles ont été ses origines ? Par quelles mains a-t-elle été bâtie ? Il n’est pas facile de le déterminer d’une manière précise et irréfutable. Beaucoup d’obscurité, beaucoup d’incertitude enveloppe la topographie de notre cité dans les âges primitifs du christianisme et les auteurs ont donné libre carrière à leur imagination, suppléant par la fantaisie aux textes disparus, interprétant les trop rares fragments qui nous en sont parvenus, au gré d’une piété manifestement empressée à vieillir les traditions suspectes et récentes.

Pour le sujet qui nous occupe en particulier, les opinions sont aussi multipliées que discordantes entre elles ; il faut renoncer à les tirer au clair, sinon en les simplifiant, en les ramenant à l’hypothèse d’un temple unique, au lieu de quatre ou cinq que l’on espace sur la colline. L’évêque Patient nous paraît avoir eu le mérite de le bâtir et de le consacrer et, si les patrons célestes du lieu ont varié plusieurs fois jusqu’à la fin du xi" siècle, au point de faire supposer autant de monuments distincts et séparés, une bonne lecture des documents persuadera que ces noms furent associés en concurrence, ou bien se remplacèrent selon les inspirations du culte populaire, selon les décisions officielles de l’autorité ecclésiastique.

D’après ce sentiment, si on ne répugne pas trop à l’adopter à cause de sa nouveauté, qui serait cependant insuffisante pour le faire écarter, il convient d’attribuer au successeur de saint Eucher, qui occupa le siège épiscopal à peu près pendant toute la seconde moitié du ve siècle, l’initiative d’avoir élevé la basilique de la montagne et d’en avoir célébré la dédicace de 460 à 470 environ. Le célèbre évêque de Riez, Fauste, prêcha pour cette solennité : les plus célèbres poètes du temps la décrivirent en des vers gravés sur le marbre ; tour à tour ou peut-être simultanément, elle se para du patronage de Saint-Jean l’Évangéliste, des Macchabées, de Saint-Irénée et ses compagnons de martyre, de Saint-Just et des saints confesseurs : ce ne fut guère avant le déclin du xie siècle, après la constitution définitive du prieuré régulier, une partie de ses membres s’étant retirée pour former le chapitre de Saint-Just, que saint Irénée demeura le seul titulaire et il n’a plus, depuis, été supplanté.

L’endroit choisi pour la basilique, où furent creusés ses fondements, était contigu au cimetière dont la communauté chrétienne usait depuis l’édit de paix de Constantin ; là elle creusait les fosses de ses morts ; elle dressait leurs stèles funéraires auprès des tombeaux antiques, échelonnés des deux côtés de la voie d’Aquitaine. L’épitaphe d’une pieuse femme, nommée « Silentiosa », enterrée en 334, est la plus ancienne de celles qui nous sont parvenues ; la dernière de même provenance appartient au commencement du viie siècle. La nouvelle église de Patient pourrait donc être considérée comme une église cimetiérale dont on trouverait à Rome, par exemple, beaucoup de spécimens devenus des stations célèbres.

La présence d’innombrables ossements des témoins du Christ, précieux restes échappés