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saint-just

y est aussi réglé que la charge de l’abbé sera élective et que l’administration des biens sera soumise aux délibérations communes. Quels droit de patronage ou de surveillance l’archevêque se réserva-t-il sur l’administration temporelle et sur l’ordre intérieur, il est difficile de le préciser ; en fait, la dignité abbatiale ne sortit à peu près pas de ses mains, de Bertrand de Goth (1290) à Jean de Talaru (1375), et de celui-ci à la fin des troubles du xvie siècle, mais dans cette dernière période ses pouvoirs furent plus nominatifs que réels. Auparavant on rencontre dans les listes trop incomplètes, qui nous sont parvenues, les personnages de la plus haute noblesse, attachés en même temps au chapitre de la cathédrale, tels que Hugues de Beaujeu, mort en 1127, Ilion II chamarier, qui fit don des colonnes et des peintures d’un portail de Saint-Jean, Girin de Sal, Humbert de Forez, fils du comte Gui II.

Intérieur de l’église Sant-Just.

Cependant, obéissant aux idées prédominantes de l’époque, abbés et chapelains songeaient à protéger la maison de Dieu qu’ils élevaient et leur propre demeure derrière d’épais remparts : le bourg, qui sortait de terre, ressemblait à une vaste forteresse, avec ses fossés, ses ponts-levis, ses créneaux et ses vingt-deux tours, capables de soutenir le plus long siège. La juridiction civile et criminelle du prévôt y était absolue et, comme dans le cloître comtal, sa garde veillait aux deux portes fermées à la chute du jour. Cette position exceptionnelle engagea le pape Innocent l à s’y fixer pendant la tenue du concile œcuménique, convoqué dans le dessein d’excommunier et de déposer Frédéric II ; il pensa que, dans une enceinte aussi solidement munie, il échapperait à