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VIII
HISTOIRE DES ÉGLISES ET CHAPELLES DE LYON

avec une impartialité documentée, comment la Constitution civile du clergé, la prestation du serment, le schisme usurpateur, rencontrèrent tant d’adhérents et provoquèrent tant de défections meurtrières pour l’honneur sacerdotal. Du reste, les opposants au Concordat sortiront, pour la plupart, de ces mêmes rangs ; la petite église de la Croix-Rousse refusera de reconnaître les droits de Pie VII, de même que les partisans des Réflexions morales avaient protesté contre les anathèmes de Clément XI, tant les déviations de l’esprit sont lentes à se redresser, tant son indocilité est capable de pousser aux inconséquences les plus absurdes et les plus variables.

Toucher aux années si tourmentées, si fiévreuses, si pleines de sang, écoulées de l’ouverture des États Généraux à la promulgation du pacte qui réconcilie la France avec Rome, ce n’est pas seulement aborder le récit épique d’épreuves supportées avec une héroïque patience, tracer le tableau de martyres subis avec l’âme des victimes du Forum dans l’hécatombe de 177, évoquer les épisodes du siège et les fusillades des Brotteaux. De ces grandes scènes tragiques de premier plan, gravées dans toutes les mémoires, il semble nécessaire de porter son attention sur le zèle déployé à la défense des principes engagés et sur la généreuse obéissance que rencontrèrent les mesures et les directions de l’administration épiscopale. Le titulaire métropolitain, Mgr  de Marbeuf, était absent, émigré à Lubeck ; il n’avait même jamais paru dans le diocèse. Le chef qui conduisit la résistance au nouvel ordre de choses ; qui dirigea les travaux des prêtres insermentés, transformés en missionnaires de camp-volant ; qui retint loin du schisme les fidèles des deux départements du Rhône et de la Loire, soumis aux pasteurs légitimes et en communion avec le Saint-Siège, est fort connu : la mémoire de M. Linsolas reste entourée de vénération.

À aucun moment ce prêtre, qui saisit tout à coup la barre du gouvernail au milieu de la plus épouvantable tempête, ne partagea les illusions des jureurs de bonne foi ; ni de près, ni de loin, il ne consentit à pactiser avec les libéraux, même les plus modérés, et il refusa jusqu’aux simples fonctions d’aumônier de la garde nationale de son quartier, parce qu’elles répugnaient à sa conscience et à sa foi monarchique. Il se traça comme règle invariable de ne céder sur aucun point aux régimes qui se substituaient à la royauté ; il ne concevait pas, entre les exigences qu’ils affichaient, l’état de choses qu’ils organisaient, et la discipline canonique, la possibilité d’un accommodement. Partisan du droit divin, adversaire intraitable des essais constitutionnels, il persévéra dans ses vues jusqu’au bout, sous la Convention comme sous le Directoire, avant Robes-