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franciscains de la guillotière, dits picpus

déployées portent des symboles : un glaive, une tour, etc. L’abat-voix est de bois sculpté, il est surmonté d’élégants clochetons dominés par un ange portant une banderole.

FRANCISCAINS DE LA GUILLOTIÈRE, DITS PICPUS

On sait que les communautés de prêtres réguliers du Tiers-Ordre franciscain ne furent pas la moindre efflorescence du vigoureux tronc planté par le patriarche d’Assise. Celle qui habita à la Guillotière durant le xviie et le xviiie siècle fit œuvre féconde : elle fut en effet l’ouvrière de la première heure dans cette banlieue devenue le plus populeux de nos quartiers.

La première pièce connue relative à l’histoire du couvent est la lettre de Henri IV, en date de mai 1606, donnant permission aux religieux du Tiers-Ordre de saint François de construire un couvent à la Guillotière, sur l’emplacement que leur ont accordé le duc et la duchesse de Mayenne. Toute topographie exacte du premier établissement fait défaut. Parmi les nombreuses pièces qui confirment, la même année, cette donation, il faut citer les lettres patentes du roi, la permission donnée par Mgr de Bellièvre, archevêque de Lyon, le consentement des habitants à la construction d’un monastère et d’une église, la requête de Claude Faure, procureur fondé des habitants, une pièce enfin en date du 5 septembre 1606, qui indique, sans autre détail, que la fondation commença par une « mazure et un jardin, siz à la Guillotière dépendans de Loyette, dont donation fut faite par Charles de Lorraine et Henriette de Savoye, duc et duchesse de Mayenne, pour y bâtir un couvent, ou autrement. » Cette donation fut appuyée, le 4 janvier 1607, par une lettre des notables du lieu adressée au parlement de Paris, en vue de faire enregistrer les lettres patentes de Sa Majesté et d’ordonner que les religieux jouissent du don à eux fait par le duc et la duchesse de Mayenne. L’arrêt du parlement ne tarda pas ; dès le 24 mai 1607 les lettres royales étaient enregistrées au greffe de la Cour et le 30 juin à celui du présidial et de la sénéchaussée de Lyon. Le 3 juillet enfin l’autorisation du prévôt des marchands s’accrut d’une généreuse proposition : le consulat s’engageait à contribuer à la construction du couvent et à assister les religieux en tout ce qui serait de leur pouvoir et autorité. Le 14 septembre, un procès-verbal signé du greffier Faure atteste le plantement de la croix, pour l’érection du couvent, en présence du prévôt, des échevins, de Mgr d’Halincourt, gouverneur de Lyon, et de M. de Montholon, intendant. Le père Vincent Mussart prêcha, et une messe solennelle fut célébrée sur un autel improvisé en plein air. Mais les formalités n’étaient point encore épuisées. Une dame Clapisson écrivait, le 25 avril 1607, à Mgr de la Guelfe, procureur général à Paris, pour l’assurer que « la place et mazure » étaient dépendants de la baronnie de Loyette en pays de Bresse, et que le roi n’y avait jamais eu aucun droit.