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monument des brotteaux

a été refusé des certificats de civisme ; ceux des ci-devant nobles, ensemble les maris, les femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, et agents d’émigrés, qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution.

« Les tribunaux civils et criminels pourront, s’il y a lieu, faire retenir en état d’arrestation, comme gens suspects, et envoyer dans les maisons de détention les prévenus de délits, à l’égard desquels il serait déclaré n’y avoir pas lieu à accusation ou qui seraient acquittés de celles portées contre eux ».

Le général de Précy.

Ce texte, n’est-il pas à lui seul la meilleure excuse aux soulèvements multipliés qui se produisirent à cette époque. Lyon avait déjà commencé. Le général de Précy, connu et estimé des Lyonnais, fut revêtu du commandement militaire. À l’assemblée du congrès, dans l’église du grand collège, il jura de consacrer à la cause lyonnaise son épée, son dévouement, son existence, mais il ne voulait aucunement se mêler à ce qui avait rapport soit à la politique, soit à l’administration civile. On mit trop de lenteur dans les résolutions, il y eut des traîtres et des trahisons. L’époque du 14 juillet approchait. Les autorités de Lyon invitèrent les gardes nationales des villes du département de Rhône-et-Loire à se rendre à une fédération générale dans le chef-lieu. Dans la réunion, les partisans de l’insurrection lyonnaise l’emportèrent. Le 14 juillet eut lieu, sur la place Bellecour, l’installation de M. de Précy comme commandant général. Il se tint à l’Hôtel de Ville une sorte de conseil de guerre où se trouvaient nombre d’officiers de la garde nationale et d’officiers départementaux et municipaux. Il y fut décidé qu’on demanderait à Montbrison, Saint-Étienne, Saint-Chamond et Roanne, des détachements de gardes nationaux, pour venir concourir a la défense de Lyon ; et qu’en même temps il partirait de Lyon un corps nombreux, infanterie et cavalerie avec de l’artillerie ; que ce corps, arrivé à Roanne, traverserait le Charollais pour se rendre à Mâcon, associer tout le pays à la fédération lyonnaise, et se rendre maître du cours de la Saône, en assurant par là les approvisionnements de la ville. Le lendemain tout était détruit.

La Convention avait nommé deux représentants du peuple pour diriger les armées de la République qui assiégeaient Lyon, c’était Dubois de Crancé et Gauthier des Orcières, surnommé Gauthier de l’Ain. Ils avaient établi leur quartier général au château de la Pape près de Saint-Clair. Gauthier aurait désiré un accommodement avec les assiégés, et même le 5 septembre 1793, le citoyen Charcol, envoyé par les deux représentants du peuple, se rendit à Lyon comme parlementaire, et s’entretint, à l’Hôtel de Ville, avec le général de Précy ; mais l’affaire ne put aboutir. Le siège dura soixante-trois jours, jusqu’au 8 octobre 1793. La Convention avait envoyé de nouvelles troupes, ce qui faisait monter le chiffre à 50.000 hommes : « Lyon aurait résisté plus longtemps », raconte Précy lui-même, « mais il lui fallut résister à l’ennemi le plus terrible de tous, à la faim. Lyon ne s’est point rendu : ses ennemis n’ont pénétré dans ses murs que lorsque les Lyonnais en sont sortis eux-mêmes, que lorsqu’ils ont fait leur retraite ».