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histoire des églises et chapelles de lyon

fondée par le démembrement d’une partie de son ancien patrimoine dont elle a donné les revenus à ladite maison de Lyon. C’est par cette raison qu’elle n’a pas été comprise dans les rôles des décimes ordinaires et extraordinaires de ce diocèse, ou quand on a voulu les y comprendre Mgr Camille de Neuville, connaissant l’injustice et l’irrégularité de cette imposition, en a arrêté l’effet par deux ordonnances, l’une du 28 février 1672, et l’autre du 18 septembre 1676, parce que les abbayes payent dans les diocèses où elles sont situées pour leurs membres et annexes y unies. » Une ordonnance rendue par François-Paul de Neuville de Villeroi, archevêque de Lyon, ajoutée au bas du mémoire précédent, porte : « Vu ladite requête, la sentence de l’official de ce diocèse du 4 mars 1361, les deux ordonnances de Mgr Camille de Neuville du 28 février 1672 et du 18 septembre 1676, nous avons déclaré la maison de Saint-Antoine de cette ville être véritablement annexe de l’abbaye de Saint-Antoine. Fait à Lyon le 23 novembre 1718. »

On le voit, la Commanderie de Lyon était bien une fille directe de la célèbre abbaye dauphinoise. Cherchons maintenant à quelle époque appartient le monastère lyonnais.

Dès 1246, la Commanderie Saint-Antoine était fixée à Lyon, car une bulle d’Innocent IV, datée du 8 janvier de cette année, confirme les dons faits à l’hôpital lyonnais de la Commanderie. Cette bulle exempte les religieux de tout droit de dîmes, tant à cause de leur hôpital situé à Lyon, que de deux granges l’une appelée Chaussagnon et l’autre Salomon, et du droit appelé vingtain ou carthelage prélevé par cet hôpital sur les grains qui se vendent à la Grenette de Lyon. Ces biens avaient été accordés à l’hôpital par Renaud de Forez, archevêque de notre ville, avec d’autres privilèges et libertés mentionnés dans cette bulle.

Les archevêques de Lyon continuèrent à se montrer généreux à l’égard de ce nouvel essaim de l’abbaye-mère du Dauphiné. On trouve encore aux Archives départementales une donation faite aux religieux Antonins en 1279, et qui indique le but et les œuvres de la Commanderie lyonnaise. En voici des extraits :

« Messire Aymard, archevêque de Lyon, du consentement de monsieur le doyen et du chapitre de l’église de Lyon, fit donation, au profit du grand maître de l’hôpital de Saint-Antoine de Viennois : savoir, de l’église dédiée à Saint-André avec son cimetière et de l’hôpital et les maisons en dépendantes appelées la Contracterie, situées à Lyon, que le seigneur archevêque dit lui appartenir de plein droit, pour le tout, jouir et posséder à l’avenir paisiblement par le grand maître et ses successeurs, avec pouvoir au grand maître, pour faire desservir l’église et l’hôpital de Saint-André, d’y mettre le commandeur et les religieux qu’il jugera à propos. » Cette donation fut faite aux conditions suivantes : « 1° le recteur et les religieux établis pour la direction de l’église et de l’hôpital, seront tenus d’y observer l’hospitalité et de recevoir à l’hôpital les pauvres et infirmes de Lyon et du diocèse, tant ceux qui sont atteints du mal appelé le feu de Saint-Antoine, qu’ils seront obligés de nourrir selon leur pouvoir, comme il se pratique dans les autres hôpitaux dépendant de l’ordre, que ceux qui sont aussi atteints du mal nommé de Saint-André, pourvu qu’ils soient de Lyon ou du diocèse, avec cette différence que, pour ces derniers, le recteur et les religieux ne seront obligés que de les nourrir pendant neuf jours