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histoire des églises et chapelles de lyon

les lamentations récitées sur un rythme oriental et tout un rituel qui, n’étant pas soumis à un usage commun et quotidien, a gardé ses formes primitives !

La sonnerie même des cloches conserve encore quelque chose de particulier. Pas de carillon tapageur, pas d’air d’hymne ou de cantique, mais un chant, pourrait-on dire, spécialement composé pour des cloches. Dans ce concert, la grosse cloche, appelée improprement bourdon, tient le premier rôle avec sa voix harmonieuse en la bémol.

La plupart des anciens édifices, surtout des édifices religieux, ne nous apparaissent phis dans leur cadre naturel. Contrairement à une opinion trop répandue, nos vieilles basiliques perdent complètement à être dégagées et isolées. Elles n’ont pas été conçues pour l’isolement. Jaillissant au milieu d’un lacis de rues étroites, entourées de constructions dont quelques-unes s’accrochaient à leurs flancs, leur physionomie dominatrice s’accusait d’autant plus et leurs beautés architecturales, plus vivantes, captivaient davantage le regard surpris.

Saint-Jean se présentait dans un cadre particulièrement favorable. Une muraille, le cloître, dont il reste un fragment rue Tramassac, enfermait le quartier environnant dans une sorte de quadrilatère. Cette muraille, parlant de la rivière, suivait au nord la direction de la rue actuelle de la Bombarde, épousait la rangée orientale des maisons de la rue Tramassac, puis revenait par l’ancienne rue des Deux-Cousins, aujourd’hui Jean Garriès, enfin, à mi-chemin, faisant un angle brusque vers le midi, elle enveloppait jusqu’à la Saône la partie limitée par l’actuelle rue Bellièvre.

Vu de la ville, Saint-Jean se dressait au-dessus d’une série de constructions, de hauteur modeste, qui, sans le masquer, l’enchâssaient à sa base. C’étaient, le long de la Saône, en allant du midi au nord, la maison du trésorier, les prisons du chapitre, séparées par une cour de l’auditoire où se rendait la justice du comté de Lyon, la maison du grand sacristain et celle du grand custode. Ces dernières habitations, avec entrée sur la rue des Estrées, ont fait place à des constructions de rapport, offensantes pour la vue, tant par leur hauteur que par l’absence de style.

On pénétrait dans le cloître par six entrées. La principale était la porte Frau, porta fratrum, la porte des Frères, dite plus souvent porte Froe, qui s’ouvrait dans l’axe de la rue Saint-Jean. De ce côté la cathédrale revêt le caractère particulièrement sévère du xiiie siècle ; aux fenêtres de la tour du clocher, un simple meneau forme une double ogive, nul ornement ne couronne les contreforts d’angle, et les motifs placés sur les arcs-boutants de la nef sont des figures de peu d’importance. Le côté méridional, au contraire, s’épanouit dans le style du xve siècle. La tour de la Madeleine se termine par une balustrade aux fines découpures, de gracieux rinceaux serpentent sous l’ogive des fenêtres, d’élégants pinacles prolongent les contreforts et surmontent les arcs-boutants. Protégée par les constructions qui sont au-devant, cette façade a conservé plusieurs des anciennes statues.

Architectes et archéologues ont beaucoup discuté sur le couronnement que réservaient aux deux tours du chevet ceux qui les ont construites : d’aucuns estiment que ce devaient être des flèches ou, au moins des pyramidions ; d’autres, qu’elles auraient été, comme