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histoire des églises et chapelles de lyon

le début : « J’ai engendré, je l’avoue, des rois, des ducs, des comtes ; j’ai été moi-même le gendre du roi de France [Louis XI]. Que me servent maintenant à moi, qui me suis acquitté de la vie, et les sceptres dominateurs et les honneurs que je fis triompher. Voici que je meurs, laissant à mes fils ma patrie et mes peuples. Hors les âmes, tout cède à la mort. » Guichenon, dans son Histoire de Savoye, rapporte une autre inscription célestine des deux ducs Amédée et Louis, beaucoup plus fastueuse mais moins chrétienne.

Camille de Neuville, archevêque de Lyon.

L’église des Célestins, abondante en objets d’art, était éclairée par de magnifiques vitraux. La grande vitre, don du duc Louis Ier ornait le maître-autel au fond du chœur. Louis XI et Charlotte de Savoie, sa femme, avaient fait présent du vitrail de droite : une Résurrection ; Charles VIII et Anne de Bretagne de celui qui était à côté de la sacristie : la Madeleine reconnaissant le Christ ressuscité ; Philippe de Savoie et Marguerite de Bourbon du vitrail où on voyait la Flagellation. Louis d’Amboise, évêque d’Albe et frère du cardinal, offrit la verrière de gauche, qui représentait l’Arbre de Jessé.

Quant au fameux cardinal Georges d’Amboise, de passage à Lyon et logé chez les Célestins, il y mourut le 25 mai 1510. Son cœur fut déposé dans leur église, sous un marbre blanc très simple où on lisait : « Ceci est le cœur du très illustre cardinal Georges d’Amboise, légat perpétuel en France et en Avignon, archevêque de Rouen, insigne bienfaiteur de ce monastère. » Si on en croit Clapasson, l’église des Célestins était d’un gothique des plus communs et son architecture n’avait rien de remarquable ; encore renfermait-elle de bons tableaux de Blanchet et de Le Blanc, ainsi que de louables sculptures de Mimerel le cadet, auteur de quelques belles figures que l’on voyait naguère encore à l’angle de nos rues, et d’un Bacchus, rue du Bœuf. Un des meilleurs sinon le meilleur élève du Poussin, Jacques Stella, avait peint une Descente de croix, au-dessus du grand autel. L’orgue placé sur la tribune imitait toutes les inflexions de la voix humaine, et était l’œuvre de Mollard. À côté de la porte, deux figures en relief représentaient saint Benoît et saint Pierre Célestin ; au-dessus du portail se trouvait une Annonciation avec les armes d’Amédée VIII.

Jean Thibot, ou sans doute Thibaud, qui fut plusieurs fois conseiller de ville, fit bâtir, en 1433, la chapelle qu’on appela d’abord la grande Notre-Dame et qu’on annexa Camille de Neuville, archevêque de Lyon.