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les frères prêcheurs

LES FRÈRES PRÊCHEURS

Au printemps de l’année 1216, saint Dominique, réunissant à Notre-Dame-de-Prouille les quinze ou seize disciples qui avaient embrassé, à sa suite, la vie apostolique, leur avait donné les statuts qui devaient être la règle de leur vie : c’était véritablement la fondation de l’ordre des Frères Prêcheurs. Le 22 décembre suivant, l’ordre était confirmé par deux bulles d’Honorius III. Deux ans plus tard, en décembre 1218, ce même monastère de Prouille voyait partir deux de ses religieux ; ils étaient porteurs de lettres adressées par leur fondateur à l’archevêque de Lyon.

Avignon était alors en révolte contre l’Église ; ce fut par la route du centre qu’Arnaud de Toulouse et Romée de Livia gagnèrent notre ville : ils y reçurent le meilleur accueil, et, peu après, frère Arnaud devenait premier prieur des Frères Prêcheurs de Lyon. Il paraît vraisemblable que l’année suivante, 1219, le monastère naissant reçut la visite du fondateur de l’ordre, qui de Paris gagna l’Italie par Châtillon-sur-Seine et Avignon. Romée de Livia, qui avait succédé comme prieur à son compagnon Arnaud de Toulouse, exerça ces fonctions jusqu’en 1224, où le couvent de Lyon ayant été rattaché à la province de France, Romée rentra dans celle de Provence à laquelle il appartenait.

Sur quel emplacement le premier monastère dominicain avait-il été édifié ; on n’a jamais pu l’établir rigoureusement : on sait seulement qu’il était proche de la recluserie Sainte-Marie-Madeleine, sur le chemin conduisant du cloître de Saint-Jean à la croix de Colle et, au delà, aux cloîtres de Saint-Just et de Saint-Irénée. 2 l’humble église des frères, l’archevêque de Lyon accorda, le 14 avril 1228, l’autorisation d’adjoindre un cimetière, et par une singulière coïncidence, la mère d’un autre archevêque, Marie de la Tour du Pin, fut l’une des premières à bénéficier de cette concession.

Vraisemblablement, ces constructions disparurent durant les longues luttes qui, dans la seconde partie du xiiie siècle, mirent en présence les représentants de l’église et ceux de la bourgeoisie : on connaît le rôle pacificateur joué dans ces luttes par un Frère Prêcheur, Pierre de Tarentaise, élevé, en avril 1272, sur le siège archiépiscopal de Lyon. Quoi qu’il en soit de la destinée de ce premier couvent dominicain, les plans postérieurs ne portent aucune trace de bâtiments qui puissent, avec quelque apparence de vérité, être identifiés avec lui. Son installation, au témoignage d’un contemporain, était du reste « fort défectueuse et inapte aussi bien à la vie religieuse qu’à l’office de la prédication » : ces conditions le condamnaient à une existence éphémère.

Les Frères Prêcheurs avaient acquis bien vite la sympathie des Lyonnais. Moins de quatre ans après leur arrivée, en 1221, le testament d’un doyen de l’église, Guillaume de Colonges, ouvre la série des libéralités consenties en leur faveur : cette liste se continue avec les archevêques Renaud de Forez et Robert d’Auvergne, avec les doyens Pierre Bérard et Ulric Palatin, avec les chanoines Guichard de Marzé et Étienne de Sandrans, avec de simples prêtres Martin de Viricelles et Laurent d’Izeron. Vers 1231-1232, un