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histoire des églises et chapelles de lyon

résolut de changer de vocable, et depuis 1842, la communauté, dite, jusque-là, des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, fut uniquement désignée sous le nom de Congrégation de Jésus-Marie. Quelques années plus tard, en 1837, mourut Mlle Thévenet, en religion mère saint Ignace ; elle avait fondé la société et l’avait dirigée avec une intelligence remarquable. Mlle Victoire Ramié fut élue pour lui succéder ; on a vu plus haut qu’elle avait été une des premières à s’unir à la fondatrice.

L’année 1841 marque une époque glorieuse dans l’histoire de l’institut. C’était l’époque où d’intrépides missionnaires commençaient l’évangélisation des Indes. Mgr Borghi, évêque d’Agra, avait envoyé une circulaire dans laquelle il faisait aux religieuses de France un pressant appel pour aller seconder les efforts des missionnaires. Les sœurs de Jésus-Marie s’empressèrent d’y répondre, d’autant plus que le but de la Congrégation correspondait parfaitement au désir exprimé dans la lettre : l’éducation chrétienne de la jeunesse. Abandonnant leur famille, leur pays, la maison où elles avaient longtemps vécu, six religieuses partirent pour ces contrées lointaines. Leur correspondance avec la maison-mère de Lyon fait connaître les privations qu’elles eurent à endurer pendant un voyage qui dura dix mois. Elles se jugèrent amplement récompensées de toutes leurs peines par le bien qu’elles procurèrent autour d’elles par la suite : après quatre mois d’existence, le pensionnai qu’elles fondèrent comptait déjà une trentaine d’élèves, et depuis lors, il n’a cessé de s’accroître : c’est dire qu’il n’a pas peu contribué à la propagation de la religion dans ces pays éloignés. Quelques années après, un nouvel établissement était fondé dans les montagnes des Vosges, à Remiremont ; et le pensionnat qui y fut établi ne tarda pas à acquérir une juste célébrité.

L’installation de ces divers établissements affirma la vitalité de la congrégation, toujours prête à envoyer ses membres où on les demandait. Peu de communautés ont, comme elle, un caractère apostolique et se sont répandues dans autant de diverses contrées : n’est-ce pas là un de ses plus beaux titres de gloire ? Ce n’est pas seulement aux Indes orientales qu’on retrouve les religieuses de Jésus-Marie : les unes s’établirent au Canada et aux États-Unis, d’autres foulèrent le sol de l’Espagne, d’autres se sont rendues en Suisse et en Angleterre, toutes pour semer, chez les pauvres comme chez les riches, le bienfait de l’éducation chrétienne.

Il est temps de dire quelques mots de la chapelle dont la façade se dresse vis-à-vis la basilique de Fourvière. Une chapelle provisoire avait été élevée en 1822, mais, trop exiguë, elle n’eut qu’une durée éphémère. C’est en 1832 que la première pierre de la chapelle actuelle fut solennellement posée. La Providence semblait avoir réuni à l’avance, dans l’enclos même, une partie des matériaux nécessaires à la construction de son temple. Déjà, en préparant les fondations des bâtiments antérieurs, on avait trouvé des débris de murs, des amas de pierres ; et maintenant les nouvelles fouilles mettaient à découvert de vraies richesses en ce genre : tout indiquait qu’on était en présence de constructions romaines. On trouva des citernes, des restes d’aqueducs, un souterrain qui s’étend sous l’une des salles d’arbres ; bien plus, en continuant les fouilles on découvrit une salle recouverte de marbres ; plusieurs pièces mises à jour étaient parfaitement conservées, elles ont