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le bon-pasteur

dans la ville. Avec ces premières ressources, M. le curé put sans retard prendre ses mesures, et commença par acheter un emplacement pour construire l’église.

« Il jeta les yeux sur la propriété de la famille Bavilliers, qui comprenait, outre une grande maison, actuellement n" 34 de la rue du Bon-Pasteur, un vaste clos y attenant et une petite maison (no 38), qui devait servir de cure. C’est dans ce modeste édifice qu’avait habité l’abbé Rozier, célèbre botaniste lyonnais qui fut ensuite tué par une bombe dans son lit, rue Vieille-Monnaie, pendant la nuit du 29 septembre 1793. C’est encore dans cette maison que naquit une femme illustre. Mlle Violette Roux, qui, épouse de Joseph Michaud, de l’Académie française, eut un des salons les plus attrayants de la Restauration. Doublement historique, mais peu commode, cette maison ne servit de cure que trois ans à peine. Après avoir été, pendant une trentaine d’années la propriété de la famille Palud, cette maison devint « l’ermitage » d’Auguste Vettard, poète lyonnais, mort en 1894.

On se mit à la construction de l’église provisoire, et « le dimanche 16 mars 1856, celle-ci fut solennellement ouverte aux fidèles de la nouvelle paroisse, placée sous le patronage de Saint-Vincent-de-Paul. La cérémonie se fit au milieu d’un concours extraordinaire et d’une satisfaction générale, pendant que le canon de nos forts annonçait à la France la naissance du prince impérial ». C’est alors que parut l’esprit ingénieux du nouveau curé. Le lendemain, M. Callot apprit « que leurs majestés impériales adoptaient, en qualité de parrain et de marraine, tous les enfants de la France, nés le 16 mars 1856. M. le curé, lui aussi, était père depuis la veille, et cet enfant, c’était sa paroisse. Pourquoi l’empereur ne l’adopterait-il pas » ? Le digne curé s’empressa d’écrire à l’empereur, et revendiqua l’adoption solennelle de son enfant spirituel. Quinze jours à peine s’étaient écoulés, lorsqu’un décret impérial, du 29 mars 1856, établissait l’existence légale de la paroisse du Bon-Pasteur.

Là ne devaient pas se borner ces rapports si providentiellement commencés. On sait le voyage accompli, en 1860, à Lyon par l’empereur et l’impératrice. Ceux-ci traversèrent, le dimanche 10 août 1860, la paroisse qu’ils avaient prise sous leur protection, et passèrent devant la modeste église du Bon-Pasteur. « M. Goiran, maire du premier arrondissement, accompagné de ses adjoints, attendait devant la porte principale de l’église, avec M. le curé, son conseil de fabrique et l’élite de ses paroissiens. Leurs majestés firent arrêter leur voiture à quelques pas ; M. le maire et M. le curé purent alors présenter leurs hommages. L’empereur témoigna à M. le curé le plaisir qu’il éprouvait de la coïncidence de la naissance du prince impérial avec l’ouverture de son église. M. le curé fit des vœux pour le prince impérial et pour l’église née le même jour, et ajouta : « Ils grandiront tous deux ! »

Les circonstances vont permettre de faire mieux. En 1869, l’impératrice et le prince impérial manifestent le désir de poser la première pierre de l’église définitive. M. Callot, devenu évêque d’Oran, accourt de cette ville pour présider la cérémonie dont voici le procès-verbal officiel :

« À la gloire de Dieu, l’an du Seigneur 1869, le 25 août, sous le pontificat de S. S. le pape Pie IX, sous l’épiscopat de S. E. Mgr le cardinal de Bonald ; Napoléon III, empe-