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sœurs saint-charles

et matin, il faisait la prière avec ses domestiques, récitait les parties de l’office divin aux heures marquées par l’Église, et chaque année célébrait, avec action de grâces, l’anniversaire de son baptême et de son ordination. Sa mortification était connue de tous : jamais en hiver il n’usait de feu dans sa chambre ; sa table était d’une extrême simplicité, il se contentait des mets les plus ordinaires.

Ayant remarqué que la jeunesse et surtout les enfants du peuple vivaient dans un grand libertinage faute d’instruction, il prit la résolution d’appliquer tous ses soins à l’établissement des catéchismes et à la bonne discipline des écoles. Dans ce but, il adressa une supplique au prévôt des marchands et échevins de Lyon. Ses avis ne furent pas pris en considération. Cependant, malgré les difficultés, M. Démia ouvrit une école populaire dans le quartier Saint-Georges, le 9 janvier 1667.

Le maître d’école reçut 200 livres de gages par année. La classe des enfants pauvres attira l’attention des magistrats, et, le 30 décembre 1670, ils décidèrent qu’une somme de 200 livres serait prise sur les deniers communs pour être employés à une école publique où l’on apprendrait aux enfants les principes de la religion chrétienne et même à lire et à écrire : M. Chastal, prêtre de Clermont en eut la direction. Elle fut désignée sous le nom d’école de la Maison de Ville ou de Saint-Pierre. L’exemple des magistrats engagea des personnes charitables à créer les écoles de Saint-Michel, Saint-Nizier, Bourgchanin et Saint-Paul.

M. Démia, pour soutenir ces écoles, n’avait que les 200 livres fournies par la ville ; pour le reste, il comptait sur la Providence. Les épreuves ne manquèrent pas au digne fondateur. L’archevêque lui-même ne se montra pas d’abord favorable à ces projets. Le succès de l’entreprise vint dissiper toutes les hésitations. Au début, un prêtre était placé à la tête de chaque école, celles-ci se multipliant, M. Démia, en 1673, institua le Bureau des écoles, chargé d’inspecter les classes. Il fut décidé que chaque année, dans l’octave de la Nativité de la Vierge, le Bureau ferait un pèlerinage à Fourvière pour solliciter la protection de Marie, mère des pauvres. Pour attirer les enfants vagabonds et venir en aide à ceux qui vivaient d’aumône, M. Démia obtint que le Bureau de la Charité fournirait du pain et des habits aux élèves nécessiteux. Ces écoles produisirent un bien remarquable, non seulement les élèves devinrent plus nombreux mais ils se firent moniteurs et instruisirent leurs camarades qui ne pouvaient fréquenter les classes.

L’homme de Dieu voulut étendre les bienfaits de l’éducation chrétienne à tout le diocèse de Lyon. Pour cela il obtint un arrêt du roi, en date du 7 mai 1674, qui lui permit de réunir de vertueux laïques et de pieuses filles afin de les former à la direction des écoles. Cette œuvre fut mise sous le patronage de saint Charles Borrhomée « l’un des saints qui ont témoigné le plus de zèle et d’estime pour les écoles ». La célébrité des petites écoles de Lyon engagea les curés de Saint-Étienne, de Saint-Rambert en Forez, de Villefranche et de Saint-Chamond à en établir dans leurs paroisses. Les évêques de Châlons, de Grenoble, d’Agde et de Toulon désirèrent des maîtres formés par M. Démia. Le saint homme avait réglé dans le plus grand détail l’ordre et la manière des leçons. Pour la bonne marche de l’école, il avait établi des officiers chargés de seconder le