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séminaire saint-charles

SÉMINAIRE SAINT-CHARLES

M. Démia avait pour principal objet de rendre les enfants chrétiens ; aussi choisissait-il de préférence ses maîtres parmi les ecclésiastiques ; on le lui reprochait : « Vous avez donné des écoles à quantité de prêtres », et pourtant il s’en honorait fort ; il prétendait, par là, sanctifier les prêtres aussi, dont pensait-il la sainteté enchaîne le salut du peuple. Peu à peu, par la suite de ses expériences et de ses pensées, il songea, après avoir créé quantité d’écoles pauvres, à un institut à deux fins ; un séminaire formant des maîtres d’école et des vicaires pour les campagnes. Il commença à le fonder le 27 mai 1672, mais ce ne fut pas sans se réduire à la gêne quoiqu’il eût de la fortune. En vain adressa-t-il une requête au prévôt des marchands de Lyon pour qu’il accrût les deux cents livres par an que la ville lui avait accordées jusque-là pour ses écoles : la Providence le laissait à lui-même.

Le régime de la communauté naissante ne tarda pas dès lors de voisiner l’anachorétisme. La pauvreté et la mortification y étaient à ce point qu’il passa en dicton, parmi les gens du monde, de menacer qui l’on voulait railler : « de l’envoyer faire pénitence à la communauté Saint-Charles » appelée d’abord : communauté des maîtres d’école, ou petit séminaire des maîtres d’école. Combien ce second nom était admirable et mériterait de reparaître ; toutefois, comme M. Démia avait donné saint Charles Borrhomée pour patron principal aux écoles de la ville, Saint-Charles devint l’appellation vulgaire du séminaire.

Les règlements qu’il élabora pour ses disciples étaient, à peu près, ceux qui se pratiquaient au séminaire Saint-Irénée. Il en confia l’application à un prêtre qu’il chargea de l’autorité de préfet ou supérieur, et il adjoignit un professeur de théologie dogmatique et un de morale, car il ne gouvernait pas la maison lui-même, se partageant entre cette nouvelle œuvre et ses chères écoles : « Rien n’est plus édifiant, témoigne un écrivain du temps, que de voir sortir, tous les jours, cette communauté, le matin et le soir, aux mêmes heures ; douze maîtres d’école, avec chacun leur sous-maître aussi ecclésiastique, vont dans les différents cantons de la ville instruire les garçons qui y sont assemblés dans des appartements que leur pieux instituteur a loués à cet effet ». Le Bureau des écoles, premier ouvrage de M. Démia, avait la conduite du séminaire des maîtres, comme des écoles. Monseigneur de Neuville l’approuva, le 1er février 1679, à condition qu’il fût pourvu d’au moins seize recteurs, dont huit seraient ecclésiastiques ; le directeur serait toujours pris parmi ces derniers et le trésorier parmi les laïques. Restait une difficulté majeure : le bureau, n’étant point autorisé par l’État, ne pouvait recevoir de succession. Le roi supprima l’obstacle par lettres patentes de mai 1680. En mourant M. Démia laissait la communauté Saint-Charles dans l’état d’instabilité : ce ne fut qu’en 1697 que le bureau acheta enfin la maison du Petit-Taureau pour la somme de 24.000 livres. Le laborieux et intelligent instituteur ne laissa pas seulement ses livres à ses disciples, il leur légua un trésor plus précieux : Le Trésor clérical, excellent abrégé des meilleurs ouvrages