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religieuses du saint-sacrement

passage, on aperçoit, au n° 4, un portail à cintre légèrement surbaissé, donnant accès à un escalier monumental, style du xviie siècle. L’allée susdite était une des entrées de la communauté des Feuillants, et l’escalier, qui étonne par ses grandioses proportions, conduisait dans les bâtiments du couvent. Les Feuillants, ayant tenu un rang élevé à Lyon par leurs relations avec le Consulat et le corps des négociants, on comprendra qu’ils aient tenu à posséder un escalier vaste et d’un bel aspect. L’église des religieux fut commencée en 1637 et achevée en 1642 ; elle est due à la générosité de nos concitoyens, comme on l’a dit. Parmi eux, il convient de citer nommément Ch. de Neuville, seigneur d’Halincourt, gouverneur du Lyonnais, qu’on a vu prendre une part prépondérante à la fondation du couvent. L’église possédait quelques objets d’art, par exemple « le tableau du grand autel de l’église était de Leblanc, ainsi que les quatre tableaux attachés aux murs de la nef, où étaient représentées des saintes en figures à demi-corps. La chapelle de Saint-Irénée, à côté du grand autel, était encore ornée de remarquables peintures, par le même artiste ; il avait peint dans la voûte à calotte, la gloire du paradis, et, sur les murs de côté, l’histoire du martyre de saint Irénée ; cette chapelle appartenait aux Scarrons, et leurs armes se voyaient au-dessus de l’entrée ».

Dans l’église des Feuillants avait été établie la confrérie des négociants de Lyon, dont le but était « d’arracher l’esprit des commerçants à l’avidité des calculs mercantiles qui refoulent tous les sentiments généreux ». Celui qui voulait en faire partie s’adressait au supérieur, ou au Père sacristain, pour se faire enregistrer sur le livre des associés ; il devait faire preuve de régularité dans sa conduite, et se montrer honorable dans ses affaires commerciales. La confrérie avait pour patron saint Hommebon. Ajoutons que l’église jouissait d’une indulgence plénière, accordée pour les fêtes de la Sainte Vierge, de saint Charles Borrhomée et de saint Eucher. Vers les premiers mois de 1833, en visitant les caves de la maison bâtie sur l’emplacement du monastère, on découvrit un caveau, dans lequel gisaient plusieurs squelettes. On en remarqua deux, dont la tête était séparée du tronc ; peut-être se trouvait-on en présence du squelette de Cinq-Mars, exécuté avec de Thou, sur la place des Terreaux ; l’autre pouvait être un sieur Capistan, décapité en septembre 1632.

RELIGIEUSES DU SAINT-SACREMENT

L’institut des Pères du Saint-Sacrement et celui des religieuses du même nom doivent le jour au vénérable Père Eymard. Celui-ci né à La Mure (Isère), le 4 février 1811, d’un père profondément chrétien et d’une mère dont la piété était aussi éclairée que tendre, reçut au baptême, les noms de Pierre-Julien. Sa mère avait coutume de le porter fréquemment à l’église ; plus tard il essaya ses premiers pas à suivre sa mère dans les visites journalières qu’elle faisait au Saint-Sacrement. L’Eucharistie s’empara de son âme pour