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histoire des églises et chapelles de lyon

cependant, celle diminution de la vie religieuse était traversée de quelques remords et rachetée par un renouveau de ferveur aux œuvres de charité et à la prière chorale.

L’Observance, à Lyon, eut pour fondement un de ces précieux remords, mais celui-ci soutenu et durable. Ce fut, en effet, où des conventuels franchement réformés dans l’esprit de leur origine, que les Observants, appelés Observantins par façon de diminutif plaisant, durent leurs commencements, qui ne furent pas communs.

Chapelle actuelle de l’Observance.

Deux frères Mineurs français, Jean Bourgeois, de la custodie de Dôle, et Jean Tisserand, de la custodie de Dijon, dans le troisième tiers du xve siècle, n’hésitèrent pas, malgré des obstacles locaux et des contradictions qui leur venaient de plus loin, à constater que ce n’était point vivre en Franciscains que de posséder des biens et de ne point s’en tenir à la vie pauvre et incertaine qu’avait voulue saint François, pour lui et pour la foule de ses disciples. Jean Bourgeois, révéré pour sa sainteté admirable, avait la confiance de Charles VIII et d’Anne de Bretagne ; Jean Tisserand ne jouissait pas d’une moindre faveur auprès de la duchesse reine : le premier, néanmoins, était, par des mérites particuliers d’esprit et d’éloquence, le plus écouté. Il n’eut pas de peine à mettre dans son dessein le monarque étourdi, facile à céder aux illusions de la gloire, mais fermement chrétien et protecteur enthousiaste de tout ce qui était de l’Église. Charles VIII dépêcha donc noble Thibaud Bevention, courtier de l’écurie royale, pour faire garde à Laurent Bretenet et Claude Pulinet, compagnons du frère Bourgeois, avec lettres datées de Montils-les-Cours, 30 avril 1491, et adressées aux conseillers de Lyon, pour les presser de choisir un lieu propice au futur établissement des Franciscains réformés. Après quelques tâtonnements et hésitations dont le détail serait ici fastidieux, on préféra à la Chana, qu’avaient choisi Louis de Blot, gardien d’Autun, et Guillaume Franchet, gardien de Chalons, de concert avec Humbert de Villeneuve, sénéchal de Lyon, le voisinage des Deux-Amants dans le faubourg de Vaise. On appelait alors faubourg de Vaise l’emplacement qu’occupent aujourd’hui la chapelle de l’Observance et l’école vétérinaire. En 1.589, on y construisit une porte sur laquelle les ligueurs mirent cette inscription, leur devise, en maintes villes : « Un Dieu, un roy, une foy, une loy. »

Le gîte était riche, frais, enchanteur, par les ombrages et par la Saône, et commode par