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sœurs de marie-joseph

SŒURS DE MARIE-JOSEPH

La ville de Lyon a été le berceau d’une communauté admirable dont les membres sont, dans notre ville, voués aux soins des prisons ; cette œuvre, bien modeste dans ses commencements, devait prendre un grand essor, grâce aux vertus et à la sage direction de la fondatrice, Anne Quinon, dite mère Saint-Augustin, née le 8 septembre 1799, morte le 4 août 1859, en odeur de sainteté, à l’âge de soixante ans, dont quarante-deux de communauté. Le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, prélat très zélé pour toutes les œuvres de charité, s’était intéressé vivement à l’apostolat que de pieuses demoiselles de Lyon exerçaient courageusement envers les prisonniers pauvres. Ses successeurs ne se montrèrent pas moins empressés à protéger l’œuvre des prisons qui s’était transformée, dès l’année 1807, en congrégation religieuse, et devait être, en 1852, légalement reconnue par le gouvernement. La congrégation de Marie-Joseph, avant sa formation définitive, avait abrité ses premiers pas dans la maison des sœurs Saint-Joseph : mais à une œuvre distincte, il fallait nécessairement des statuts différents et une direction plus adaptée à ses besoins et à sa mission. Cette nouvelle congrégation, approuvée par le pape Pie IX, avait adopté la règle de saint Augustin ; elle ne devait avoir d’autre gouvernement que celui de la Supérieure générale et de son conseil, sous la juridiction des évêques. Si l’on veut connaître l’esprit qui animait la fondatrice de cette communauté, il suffit de rappeler les paroles suivantes, expression fidèle de ses sentiments : « Si je voyais un jour à la congrégation une avance de cent mille francs, je croirais qu’elle est perdue et qu’elle va bientôt disparaître. Aussi je me sens pressée de faire des fondations de charité, de multiplier les œuvres ; par là, je place nos fonds à la banque du ciel, qui jamais ne fait faillite. Faire des réserves, c’est, à mes yeux, se défier de la Providence ; le bon Dieu ne nous donne des ressources que pour faire le bien. »

Il convient d’ajouter à ce bref aperçu de l’œuvre des prisons ce qui se rattache à l’action personnelle de mère Saint-Augustin.

En 1819, Mlle Quinon était placée à la prison de Roanne, près du Palais de justice, à Lyon. Elle fut admise à la vêture, le 16 avril 1820, chez les sœurs Saint-Joseph, et reçut le nom de sœur Saint-Augustin. Au mois de novembre 1824, elle fut nommée supérieure à la prison Saint-Joseph et le 23 septembre 1835, appelée à remplacer, comme provinciale, mère Saint-Polycarpe, laquelle, dès 1821, avait fondé, dans une petite maison du chemin de Montauban, l’établissement de la Solitude, qui devait servir de refuge aux femmes et aux filles libérées. En 1839, Mgr de Ronald ayant succédé au cardinal Fesch, décédé à Rome, où ce dignitaire avait subi un exil immérité, il fut question de souder les deux branches de la communauté Saint-Joseph, qui, unies de droit, ne l’étaient pas en fait. Des difficultés s’élevèrent et finalement la branche des prisons devint rameau distinct, confor-