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histoire des églises et chapelles de lyon

la constitution des maisons d’éducation. Le siège de la société fut, à cette époque, transporté à l’hôtel Biron qu’on venait d’acheter.

Dans le même temps, les princes de la maison de France honoraient le Sacré-Cœur d’une bienveillante protection. La chapelle du pensionnat de l’hôtel Biron ayant été construite en 1823, toute la famille royale, Louis XVIII le premier, voulut contribuer à sa décoration. Ces honneurs toutefois n’empêchèrent pas Mme Barat de surveiller particulièrement l’éducation et l’instruction religieuse des pensionnaires.

La congrégation n’avait pas encore été approuvée par l’autorité ecclésiastique ; à la suite de démarches, l’institut reçut d’abord un bref laudatif, puis, le 22 décembre 1826, le pape Léon XII approuvait définitivement l’institut ; Charles X, quelques mois plus tard, rendait à son tour une ordonnance, reconnaissant l’existence légale de la société. Cette même année vit la fondation de Lille et une seconde à Lyon. Dans cette dernière ville, Mme la comtesse de La Barmondière, excellente chrétienne, qui avait donné asile aux prêtres fidèles pendant la Révolution, offrit son hôtel de la rue Boissac pour y établir un pensionnat destiné aux jeunes filles de la noblesse. Mme Barat accepta et plaça à la tête la mère Geoffray.

L’année suivante, sur la demande de Léon XII, Charles X céda le couvent et l’église de la Trinité-des-Monts, à Rome, aux dames du Sacré-Cœur pour y établir un pensionnat. L’année 1829 vit les fondations de Perpignan et d’Avignon, suivant de près celles du Mans, d’Autun, de Besançon, de Turin, de Metz et de Bordeaux. C’est aux époques les plus troublées qu’éclatent les plus fortes vertus : la révolution de 1830 dispersa la communauté de Paris ; Mme Barat se réfugia au Montet, en Suisse, et une députation de la Ferrandière vint l’y rejoindre. Ce n’était pourtant pas la sécurité complète : la population était montée contre les Français, qui avaient tué les Suisses aux côtés du roi ; aussi la petite colonie vivait-elle retirée et ne faisait-elle que de rares promenades à travers la montagne dans le but de prier dans les modestes églises du pays.

Le radicalisme suisse demandait, sous l’impulsion de la France, la réforme de la constitution politique des cantons pour persécuter l’Église et chasser les religieux. Pour parer à toute éventualité, l’évêque de Fribourg engagea la communauté à s’assurer un refuge en Italie ou en Savoie. Mme Barat, souffrante d’un mal au pied, dut se rendre à Chambéry où son mal s’aggrava. Elle endura patiemment ses souffrances, les appliquant à l’amélioration des idées religieuses dans sa patrie. Dieu accepta le sacrifice de sa généreuse servante : le calme se fît dans les esprits, la Suisse se pacifia, et Mme Barat put retourner à Paris.

Peu après, le 21 octobre 1831, elle fondait la maison d’Annonay. Depuis quelques années, il existait à Lyon, sous le nom d’enfants de Marie, une association d’anciennes élèves du Sacré-Cœur, dirigée par Mme Lhuillier, supérieure du pensionnat de la rue Boissac. Mme Barat approuva cette œuvre et y joignit, comme complément naturel, celle des retraites pour les dames du monde. Chaque année, un prédicateur donnait, dans les maisons de l’institut, une retraite aux enfants de Marie et aux dames qui voulaient suivre ces exercices spirituels.

Le choléra ayant fait son apparition à Paris, la mère générale, pour exciter à la ferveur