Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
notre-dame de fourvière

On tarda peu de lui confier l’emploi de procureur. Les affaires, lorsqu’il les examina, étaient dans un piteux état ; beaucoup de pensions ne se payaient plus ; les dîmes de Griège en Bresse se levaient fort mal ; les fermiers gardaient pour eux le plus net des bénéfices, plusieurs procès, entamés à contre-temps, étaient ruineux. Ferrier appliqua son activité et son amour-propre à corriger les abus et à relancer les débiteurs ; il obtint surtout, entre le curé et les chanoines, un concordat qui ménageait mieux les droits et les finances de ces derniers. La montagne se couvrait de quelques maisons d’habitation et de plaisance ; le casuel paroissial, qui avait été à peu près nul jusqu’à présent, commençait à compter ; depuis une trentaine d’années, on administrait les sacrements aux plus proches voisins ; on veilla à ce qu’aucun ne s’écartât de la juridiction pastorale, bien que les limites du territoire soient encore assez flottantes, et qu’il fallût plaider pour la maison de Mathieu de Vauzelle ; les fonts baptismaux furent nettoyés et fermés à clé ; on procéda aux funérailles avec plus de décence ; une pieuse veuve, Anne Sontonax, dont le mari, Pierre Bossu, avait été apothicaire, fit une fondation pour le chant des vêpres, chaque dimanche, à deux heures, et demanda qu’elles fussent terminées par une procession à l’autel de Notre-Dame (18 septembre 1629). La Présentation de Marie au Temple fut inscrite au nombre des solennités importantes ; on rattacha à l’Assomption un grand pardon, avec indulgences, prédications, profusions de girandoles, d’argenterie et de tapis. Notre chanoine y porta plusieurs fois la parole et, selon la chronique, le comptable se transformait en orateur instruit et édifiant.

Notre-Dame de Bon Conseil (dans l’ancienne chapelle).

En s’acheminant doucement vers le terme de sa vieillesse, il conçut le désir de reposer au pied de la miraculeuse image qu’il avait tant contribué à populariser. Il obtint d’abord la permission de placer d’avance sa pierre tombale et son épitaphe dans la chapelle ; ensuite on lui concéda d’ériger un second autel, qu’il plaça sous le vocable de Notre-Dame-de-Grâces, « promettant, affirmait-il lui-même, selon la suffisance du lieu, de le doter du peu de bien qu’il avait plu à Dieu de lui donner ». L’exécution suivit de près ses propositions, mais sa bonne volonté faillit échouer devant une grossièreté qu’on ne se pressa pas trop de tirer au clair. Le digne prêtre avait pensé n’offenser personne et se conformer à un usage très répandu, en plaçant, dans le tableau votif du petit rétable neuf, son propre portrait ; une main ennemie et jalouse gratta subrepticement la toile, raya la figure jusqu’à en effacer complètement les traits. De là, émotion et scandale. Mais lorsque Ferrier communiqua son intention de réparer le dégât, on lui conseilla, en raccommodant le tableau « d’y faire peindre quelque autre chose à la place de son image ». Il ne s’entêta point et offrit une Annonciation. Après l’avoir convenablement appropriée et meublée, il dota cette chapelle, qui lui était si chère, d’une rente annuelle de 74 livres tournois ; le prébendier, appelé à la desservir, était tenu d’y célébrer trois messes par semaine, l’une de Notre-Dame, la seconde de Saint-Roch, la dernière pour les trépassés. Ses libéralités pos-