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histoire des églises et chapelles de lyon

« Le nom de l’Ancienne-Douane ne présente à l’esprit de la plupart des Lyonnais que l’image de notre petite place irrégulière, entourée de vieilles maisons et placée au centre d’un dédale de ruelles étroites et malpropres. La Douane joua un grand rôle dans le passé de notre cité. Elle était une institution à peu près unique en France et n’avait de similaire que la douane de Valence, bien moins importante. On en connaît l’histoire depuis l’édit de François Ier de 1540 jusqu’au décret de 1790 qui la supprima. Des édits successifs des rois de France obligèrent de faire passer à Lyon et de soumettre à la douane les marchandises transportées sur le territoire français. Aussi les droits de la Douane de Lyon, vers le milieu du xviiie siècle, rapportaient, par an, près de 1.200.000 livres au trésor public. Seuls les Suisses et les Allemands des villes libres impériales, par le traité de paix de Fribourg, avaient été exonérés de ce tribut. Ce privilège attira de nombreux Suisses à Lyon, et leur souvenir s’y est conservé avec les noms des rues de l’Arbalète et des Treize-Cantons. Là, étaient situés, au centre du quartier commerçant, leurs comptoirs et leurs demeures. Pernetti ne compte pas moins de soixante-cinq familles suisses établies à Lyon, depuis 1543 jusqu’au xviiie siècle. L’hôtel de la Douane occupait les maisons situées au fond de la place et qui, avant les dernières démolitions, portaient les numéros 3 et 4. »

PÉNITENTS DE LA MISÉRICORDE

Il reste peu de documents sur les confréries de Pénitents lyonnais qui s’employaient à des travaux de charité. Mais la société des Pénitents de la Miséricorde, dont nous sommes plus instruits et qui fut une des plus puissantes, peut donner une juste idée des autres dont elle se présente comme le résumé.

L’état des prisonniers et des criminels pauvres de Lyon était, au xviie siècle, digne de pitié. Un projet de supplique au pape, conçu par les premières personnes qui s’appliquèrent au soulagement de cette détresse, montre tout le bien qu’une confrérie pouvait espérer. « Il faut, écrivent les rédacteurs de cette pièce, exposer en la supplique qu’on enverra à Sa Sainteté, que les pauvres prisonniers qui sont confinés en grand nombre dans diverses prisons, souffrent de grandes misères et nécessités, soit pour n’être pas nourris d’aliments ou pour n’avoir aucun linge pour blanchir et nettoyer, comme encore pour n’avoir pas seulement de paillasse à se coucher, et de plus, que les pauvres criminels qui étaient condamnés à la roue, n’étaient assistés que d’un seul religieux confesseur qui avait grand’peine à pouvoir satisfaire à ce devoir charitable d’ailleurs, qu’après l’exécution et mort des condamnés, leurs corps étaient délaissés, abandonnés et enterrés par l’exécuteur de justice en lieux profanes et publics où se faisaient mille saletés et avanies ; même qu’il était arrivé que des corps avaient été déterrés et mangés par les chiens. Nous avons établi à Lyon la confrérie de la Miséricorde à l’honneur de Dieu et de la bienheu-