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histoire des églises et chapelles de lyon

d’Urbain VIII en 1628, bulle qui autorisait les monastères de l’institut, présents et à venir, en quelques lieux qu’ils s’établissent. « Aussi, lit-on dans les mémoires, nous avons reçu des bienfaits si considérables de son éminence que ce serai ! une ingratitude impardonnable de les oublier. » Camille de Neuville, qui lui succéda sur le siège de Lyon, voulut bien visiter, à diverses reprises, les Annonciades ; son grand vicaire tenait aussi le monastère en vénération et plus d’une fois il lui donna des preuves sensibles de son dévouement.

Paul de Cohade, vicaire général de Lyon.

En 1684, les religieuses furent inquiétées par un sieur Lolive qui voulait leur intenter procès relativement à la décharge des eaux de source ; comme c’était le jardin qui faisait l’objet de la contestation, les sœurs en firent l’acquisition pour la somme de 500 livres. Peu de temps après sa nomination à l’archevêché de Lyon, en 1693, Claude de Saint-Georges se transporta à l’Annonciade et eut la condescendance d’entretenir chacune des religieuses en particulier ; ce qu’il fit avec tant de patience et de bonté que toutes en demeurèrent édifiées. On cite aussi comme un de leurs bienfaiteurs M. Cohade, vicaire général de Lyon.

Le premier monastère de l’Annonciade a subsisté jusqu’à la Révolution. Dans son enceinte, pendant près de deux siècles sont venues s’abriter un grand nombre de nobles personnes heureuses d’ensevelir dans le cloître, sous le blanc costume de la Vierge Marie, les grâces et les charmes qui leur attiraient l’estime de tous, pour vivre dans cette solitude pauvres, humbles et mortifiées. Les annales sont riches en fait de ce genre ; il suffit de citer quelque noms pris çà et là et dont les familles étaient bien connues à Lyon : mesdemoiselles de Coindrieu, Faure, de Chalanson, Chausse, Jalibert, de Merle, Bonnet, Lafond, Madiny, Guignard, Quélan, Gautier, Arlin, Guibon, Demouchy, Favier de la Tourette, Baujan, Milliet, Durret, Michalliard, Toscan, AUard, et Muguet. Il est aisé de constater que cette maison se conserva dans la ferveur primitive jusqu’à sa dispersion, car, à la Révolution, aucune des Annonciades ne voulut prêter le serment à la constitution civile du clergé. L’une d’elles, Jeanne Bauquis, sœur Marie de l’Assomption, paya même de sa vie son attachement à la foi et mourut sur l’échafaud. Le dernier aumônier de la communauté, l’abbé Gabriel Daniel Dupleix, ancien Jésuite, eut le même sort ; l’historien Guillon rapporte que la sainteté, la dignité de sa personne et sa fermeté dans la foi excitèrent l’admiration des juges eux-mêmes.