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saint-augustin

tion s’était améliorée, grâce à quelques libéralités particulières, telles que le legs testamentaire de dix mille francs de Mlle Romand, un autre analogue de l’abbé Gervais, les dons de M. Gérard, du docteur Peytel, etc. Mais ce ne fut qu’au bout de vingt ans que les dettes de la fabrique finirent par s’éteindre à l’aide des souscriptions de catholiques généreux.

Saint-Augustin, statue par Chinard.

Le concours de zélés paroissiens n’attendit pas aussi longtemps pour atténuer la nudité du temple saint. Le dimanche 1er octobre 1854, on inaugura une statue en pierre, de la Sainte Vierge, due au ciseau du sculpteur Cubizole, et donnée par M. Darit, propriétaire. Cinq ans après, le Conseil de fabrique adressait à Mme Ricard, rentière, un témoignage de gratitude pour avoir fait exécuter à ses frais, par M. Pinet, quelques peintures murales dans le rond-point de l’abside. Ajoutons, pour ne rien omettre des générosités de ce temps, que le célèbre artiste tisseur Carquillat fît don à la fabrique, en 1853, d’un portrait tissé en soie de Pie IX, avec son cadre et sa glace.

Nous avons parlé des anciens remparts qui, depuis le xvie siècle, séparaient de la ville le faubourg de la Croix-Rousse. Sans utilité pour la défense et ne constituant plus qu’une barrière gênante, l’empereur Napoléon III ordonna leur démolition, et sur leur emplacement devait s’étendre la superbe promenade du Boulevard. M. le curé Parrel pensa que l’occasion était propice pour mettre fin à l’état de situation provisoire de son église et de ses annexes. Il écrivit donc, en 1868, une lettre au préfet pour lui demander de réserver, sur le nouveau boulevard, un emplacement pour y ériger l’église définitive. Le digne pasteur appuyait sa requête d’arguments décisifs : « L’église actuelle, bâtie en quelques mois, n’a qu’un caractère essentiellement provisoire. Il a fallu l’agrandir bientôt après pour satisfaire aux besoins religieux d’une population de près de neuf mille âmes, et elle est encore trop petite. Tout le terrain disponible est occupé, impossible donc de songer à un nouvel agrandissement… Maintenant que la vie et la circulation vont être concentrées sur le boulevard et ses aboutissants immédiats, il serait d’une heureuse inspiration d’y ériger l’église, son presbytère et toutes les dépendances qu’on jugerait convenables. Les propriétaires voisins ne pourraient se plaindre, car le voisinage de l’église donnerait à leurs immeubles une plus-value appréciable… On n’aurait pas à regretter la dépense faite pour l’église actuelle, car elle est solide, bâtie en bons matériaux et pourrait changer de destination, être, par exemple, changée en école… »

Il semble que la destinée de cette église soit d’être tenue à l’écart des faveurs administratives. Quelque péremptoires que fussent les raisons alléguées par M. Parrel, on ne s’y arrêta pas et sa démarche resta sans effet.