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histoire des églises et chapelles de lyon

abrégé. Il est très naturel, que nous nous réservions d’insister davantage sur ce qui est plus proche de nos contemporains, sur ce qui s’est passé, sous leurs regards, à la portée de notre observation et de nos recherches. Si, dans cette étude, le siècle, qui vient de s’écouler, relègue un peu dans l’ombre ceux qui l’ont précédé, si le clergé séculier nous occupe davantage que les religieux, leurs prédécesseurs, il ne faut pas en chercher une autre raison, que dans le désir d’ajouter ce complément nécessaire à la chronique de nos devanciers.


I


L’arrivée et l’établissement des disciples de saint François sont généralement fixés à l’année 1220 ; leur petite colonie quitta Assise, après le chapitre, sous la conduite de Michel de Pérouse et la bénédiction du Patriarche ; un puissant seigneur, nommé Humbert de Grôlée, l’hébergea dans sa maison ; il lui céda un vaste tènement, à côté, sur la rive droite du Rhône, dont la superficie formerait aujourd’hui le rectangle, compris entre la place des Cordeliers, le quai de l’Hôpital, la rue Ferrandière, la rue Grôlée, inclinant à l’ouest jusque vers l’issue de la rue Grenette. L’église actuelle fut précédée d’une autre, de proportions plus modestes, qui subsista un siècle environ ; elle était tournée, selon le sens traditionnel, du couchant au levant ; il est facile de déterminer son emplacement, car l’on sait que les absides du premier et du second de ces édifices se joignaient, à angle droit d’équerre. On n’en soufflerait mot, si elle n’avait pas eu la gloire de retentir, pendant six mois, de l’éloquence du cardinal Jean de Fidenza, si célèbre sous le nom de frère Bonaventure, de recevoir sa dépouille mortelle, de lui servir de tombeau, et comme de théâtre pour les miracles, qui décidèrent de sa canonisation. La popularité toujours croissante des Cordeliers les obligea à la quitter, pour une enceinte plus vaste, et ils reçurent du petit-fils de leur fondateur, le sénéchal Jacques de Grôlée, les moyens de l’élever. Il est probable que les fondations furent creusées, au cours de l’année 1325 ; trois ans après, quelques parties de l’œuvre semblèrent assez avancées, pour que l’archevêque de Lyon, Pierre de Savoie, procédât à une consécration solennelle ; nous avons, dans l’épitaphe reproduite ci-contre, avec la plus vieille pierre de notre monument, la preuve que la chapelle de la Sainte Vierge, au fond du collatéral droit, fui inaugurée, le 4 mai 1331, et que les moines en étaient redevables, en partie, à un citoyen lyonnais, Jean Ogier, dont le nom appartient à nos fastes consulaires. Bourgeoisie et noblesse disputaient entre elles de générosité et de sympathie. L’inscription, qui nous suggère cette conjecture, a été citée par Fodéré, mais avec des fautes sensibles de lecture : les Grands Cordeliers de Mgr Pavy l’ont omise ; des abréviations bizarres en compliquent la traduction ; nos lecteurs ne seront donc pas fâchés d’en avoir, sous les yeux, un texte fidèle.

Hic est introitus monumenti in quo jacet Johannes Ogerii, civis Lugdunensis, qui obiit XXIIa die mensis februarii, anno Domini M°CCC°XXVII° et fuit translatus supra cum