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histoire des églises et chapelles de Lyon

glaner et le patriotisme tant à retenir, l’espace nous manque, même pour établir la simple nomenclature des plus importants. Un choix discret s’impose, et cependant notre plume demeure embarrassée devant ce qu’il est bon de retenir et devant ce qu’elle peut omettre. Jadis, du haut en bas de l’ancienne église, de la voûte au pavé, jusque dans le moindre recoin, le plus obscur et le plus dissimulé, les murailles étaient tapissées de peintures, de gravures, d’emblèmes, de devises, d’invocations versifiées, brodées à l’aiguille, de plaques de marbre, chargées d’inscriptions, signalant un bienfait, une grâce obtenue, un danger conjuré, une neuvaine exaucée, une guérison inespérée, un mariage conclu, une vocation affermie, en un mot, dans les mille surprises de l’existence, l’opportune intervention d’une puissance maternelle, attentive aux maux et aux désirs de ses clients. Dans cette variété de souvenirs, de représentations naïves, le goût esthétique n’était pas toujours aussi respecté que des yeux délicats l’eussent désiré, mais quelle belle et suggestive parure pour ce temple, où affluent tant d’inconsolables douleurs, où tant d’inlassables espérances se réfugient et se raniment ! Cette collection d’images parlantes, ces cadres de toute dimension et de tout style, ce dépôt de béquilles vermoulues avaient un air si touchant, si peu conventionnel ; ils inspiraient tant de confiance ; ils rappelaient, avec tant d’à-propos et de clarté, aux visiteurs agenouillés ceux qui les avaient précédés, avec les mêmes angoisses au Cœur et la même prière sur les lèvres, que je me prends à regretter le choix sévère qui a exécuté, dans cette galerie pittoresque, des coupes sombres, et l’a réduite à une régularité plus décorative sans doute, mais à coup sûr moins originale. Elle constituait une espèce de musée historique ; chacune de ses pièces principales évoquait une date fameuse, un événement célèbre, un éclatant prodige, dans les fastes de la dévotion mariale à Lyon. Aussi bien, en citant quelques-unes de celles, qui sont demeurées en place, et qui n’ont pas cessé de piquer la curiosité des pèlerins, notre dessein sera rempli et, chronologiquement au moins, nous aurons résumé les annales de Fourvière, pour leur plus grande partie moderne.

La première de ces toiles votives a été accrochée par les religieuses de l’Hôtel-Dieu, en 1805 ; elle fut l’exécution d’une promesse, faite dans une des journées les plus affreuses du siège de 1793. Le 24 août, un boulet, lancé par les batteries de la Convention, tomba sur la voûte d’une des salles, encombrée de lits. L’affolement fut au comble : malades et infirmières, d’un commun élan, appelèrent Marie à leur aide. Lorsque, le danger passé, les lieux évacués dans un déménagement sommaire, on reconnut que la peur l’avait emporté sur le mal, il n’y eut qu’une voix pour remercier la céleste libératrice.

En 1817, les prêtres du diocèse, assemblés pour la première fois, je pense, depuis le Concordat, en retraite pastorale, proposèrent de clôturer, à Fourvière, ces saints exercices. Ils y vinrent en procession, du séminaire de la Croix-Pâquet, consacrer leurs résolutions et leur ministère à la plus aimable des Reines. Les résultats de cette innovation furent si consolants qu’elle passa immédiatement en loi, et on songea qu’il serait bon d’en attester la date par une marque durable. Sur la bordure du tableau, offert par les membres de cette réunion, on grava l’inscription suivante :

Clerus diœcesis lugdunensis pro religione, Rege et patria supplex.