Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
433
saint-bonaventure

réservée au quartier, ne fût pas trop au-dessous de celle du premier, qui avait été générale et qui avait inspiré à Chateaubriand une lettre enthousiaste, égalant les plus sublimes pages du Génie du Christianisme. On commanda un dais et une bannière ; on prit en location un ostensoir de vermeil : on épuisa la somme de 2.000 francs que la municipalité avait envoyée pour parer aux nécessités les plus urgentes. Le vœu général réclamait la prochaine entrée dans l’église des anciens Cordeliers ; mais loin de favoriser ces désirs, les administrations civiles paraissaient prolonger, avec une mauvaise volonté trop peu dissimulée, des retards qu’elles escomptaient changer un jour en usurpation définitive. Le maire tendait les clefs de l’édifice, en disant qu’il n’était ni débarrassé, ni libre ; les arrêtés préfectoraux pour le transfert du dépôt et du marché des grains, demeuraient sans effet. À la fin juin, M. Sain-Rousset, préoccupé de pallier, au moins par une solution provisoire, un état de choses qui provoquait beaucoup de murmures, propose d’occuper momentanément l’église principale du Lycée. Las d’être sans cesse éconduits et d’espérer une restauration qui devenait, à chaque démarche de leur part, plus improbable et plus chimérique, le curé et les fabriciens conclurent à ne pas repousser une offre dont les avantages immédiats n’étaient pas discutables. Le monument, œuvre du xviie siècle, d’assez vastes proportions et d’une ornementation fort riche, n’avait pas trop souffert du vandalisme révolutionnaire ; son autel, orné de ses anges adorateurs, était intact et les quatre belles statues de marbre du sanctuaire n’avaient pas été descendues de leur niche. On eut à réparer les grandes portes de l’entrée, à placer une chaire, une table de communion et des stalles. Un fabricant de bas, logé sous la voûte, nommé Vivian, fut pris comme concierge ; Jean-Baptiste Menoud fut élevé à la dignité de suisse ; Mme Fumeau à celle de chaisière, au grand regret d’une protégée de Mme Basset, veuve de l’ancien lieutenant-général de la sénéchaussée, qui l’avait recommandée au cardinal, dans deux lettres pressantes. Deux vicaires, MM. de Buffevent et Novet, le premier ancien déporté à la Guyane, ex-chanoine de la cathédrale de Vienne et réservé à une stalle de la Primatiale, le second, ordonné à Saint-Chamond en 1796 ; M. François Eustache, prêtre-sacristain, chargé de la conduite des enfants de chœur, plusieurs habitués, M. Boissier de Sauvages, entre autres, fils d’un médecin célèbre, M. Pierre de Cordon, chanoine d’Ainay, avant la Constituante, M. Joseph Rasl, deux ex-cordeliers du grand couvent, les Pères Claude Mollière et François Gérentet, se partageaient les diverses attributions du ministère sacerdotal, dont le libre exercice, après une si longue interruption, multipliait les fatigues et les responsabilités.

L’occupation de la chapelle de la Sainte-Trinité fut marquée par une solennité exceptionnelle et des plus édifiantes, lorsque de précieux fragments des reliques de saint Bonaventure, si chères à la population lyonnaise, restituées et enchâssées dans un buste neuf d’argent, furent rapportées au Lycée et exposées à la dévotion et aux baisers des visiteurs. Un procès-verbal nous apprend d’abord, dans quelles circonstances et par quelles mains, s’opéra la remise du pieux trésor que l’on croyait perdu ou profané. Le 6 floréal an XII (26 avril 1804) M. Mollière, ex-religieux du monastère, se présenta à l’archevêché et déposa deux ossements, une dent et un autre os, qu’il attesta, sous la foi du ser-