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histoire des églises et chapelles de lyon

ment, avoir extrait lui-même du grand reliquaire du saint docteur. L’ex-gardien de la communauté, le Père Claude Buisson, sous serment aussi, affirma qu’il avait été le témoin du fait et qu’il ne conservait aucun doute, ni sur l’authenticité, ni sur la provenance de ces objets sacrés. M. le vicaire général Courbon scella aussitôt d’un cachet de cire, aux armes archiépiscopales, la boîte qui les renfermait, en attendant de les placer dans la châsse qu’on leur préparait. S’il était utile, nous pourrions confirmer par une preuve indéniable la déposition des deux religieux ; leur louable larcin, en effet, est constaté dans l’inventaire, que les officiers municipaux dressèrent des meubles de la sacristie, le 10 mai 1791 ; le document est aux Archives départementales du Rhône et le greffier qui l’a rédigé, sous la dictée de l’officier municipal Gaspard Margaron, s’exprime ainsi : « À l’instant nous observons qu’avant le transport, qui fut fait de l’argenterie de la sacristie au secrétariat du district, il fut sorti parle dit Mollière, en notre présence et en celle de MM. Buisson, Dumont, Carrier et Valleton, tous ci-devant religieux cordeliers, du buste de saint Bonaventure, la relique du-dit saint, lequel fut tout de suite déposé au-dessus de l’autel de la Sainte Vierge dans un cabinet, fermé avec la clef, restée au pouvoir de M. Carrier, ledit cabinet prenant son entrée sur l’escalier du dortoir. » On le voit, grâce au sang-froid des spoliés et à une tolérance, qui fut loin d’être commune à tous les spoliateurs, le peu que les siècles avaient épargné de l’enveloppe mortelle du maître Séraphique échappa à un anéantissement sacrilège ; les sans-culottes, en cette occasion, ne renouvelèrent pas le fanatisme des huguenots de mai 1662. M. Pascal ne voulut rien épargner, afin que la fête de la translation rappelât les pompes du passé et attirât le concours des fidèles de tous les âges et de toutes les classes. Héritier de traditions qui avaient été plutôt suspendues que proscrites, il espérait n’en repousser aucune, mais leur rendre peu à peu leur lustre et leur popularité ; il se réjouissait, en attendant, de rappeler à ses concitoyens un des plus illustres patrons que la jeunesse avait adopté et qu’elle avait longtemps révéré comme le plus puissant et le plus célèbre de ses célestes intercesseurs. Malgré une pauvreté, qui imposait, jusque dans le nécessaire, des sacrifices quotidiens, il n’hésita pas à commander à deux orfèvres, Pacle et Beugy, un buste d’argent doré, demandant qu’il reproduisît, d’aussi près que possible, celui qui avait été offert par la duchesse Anne de Bourbon, et dont l’ouvrage du P. Boule contenait le dessin. Le prix monta à plus de 1500 francs, bien que l’œuvre cependant fût très au-dessous de son modèle et qu’il fût indispensable de la rendre aux ouvriers, pour la retoucher.

On fixa, au samedi 7 juillet 1804, la cérémonie de la remise des reliques et de l’inauguration du nouveau reliquaire ; une nombreuse procession, dans laquelle figuraient les députations de chacune des paroisses, se rendit de la Trinité à la Primatiale ; là on chanta les premières vêpres de saint Bonaventure ; le curé reçut des mains des survivants du couvent franciscain, dispersé depuis quatorze ans, les Pères Buisson, Mollière et Dumont, les ossements qu’il était si ému de retrouver et si heureux d’honorer ; les trois vicaires généraux présents, MM. Jauffret, Courbon et Renaud, lui remirent les lettres d’authenticité et d’approbation, pour l’exposition publique et, dans le même ordre que pour l’arrivée, on reprit le chemin du Lycée, en chantant des hymnes et des cantiques. On remarqua,