Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
458
histoire des églises et chapelles de lyon

radieux, resplendissant de pureté, est déjà prêt pour le diadème d’une souveraineté, aussi puissante dans le ciel, que miséricordieuse à la terre. C’est la vision de l’Assomption, après l’enlèvement du sépulcre ; la gloire du couronnement, après le don d’une seconde vie. De chaque côté, dans des niches et sous un dais fleuri, quatre scènes évangéliques sont l’historique explication de cette apothéose unique : elles représentent l’Annonciation, la Nativité, l’Adoration des Mages et le Recouvrement au Temple. On juge, du premier coup d’œil, que la statue de la Mère de Dieu, tenant son enfant sur le hras, dont le tabernacle forme le piédestal, en avant, ne se rattache pas directement au plan primitif de l’œuvre. Elle a été posée, après coup, sur les instances du successeur de M. Marion, qui l’a demandée, tant pour saisir l’attention des fidèles agenouillés que pour se conformer à un usage immémorial. On a cédé à ces raisons ; l’effet mystique est sans doute appréciable, mais ces deux images, l’une dominant l’autre, les pieds de la première à fleur de tête de la seconde, produisent une sensation sujette à des réserves, au point de vue de l’art. L’intention fut louable : le résultat médiocre.

La délibération, arrêtée, d’allonger de nouveau cette chapelle de la Vierge obligeait au déplacement de la sacristie, logée précisément dans la chapelle contiguë à celle-ci, dédiée à saint Nicolas, avant la Révolution, et, depuis le Concordat, au Sacré-Cœur de Jésus. Mais quel lieu lui assigner ?

M. Pater avait songé au rez-de-chaussée de la maison de la rue Champier et il avait, dans ce but, entamé les négociations préliminaires avec le propriétaire, M. Guillermond. Le marché avait été conclu, le 20 juin 1860, en l’étude de M. Berloty. La communication à prendre avec l’église n’offrait aucune difficulté, il s’agissait simplement, en abattant un pan de muraille, de dégager l’ancienne porte du cloître, dont le cadre existait et existe toujours, avec ses inscriptions et ses moulures. Le projet traîna en longueur ; on étudia les propositions de l’architecte ; on les discuta ; on les amenda ; finalement on y renonça. La sacristie fut transportée, près de la porte d’entrée, à l’extrémité de la nef gauche, c’est-à-dire à la place la plus incommode et la plus éloignée du chœur, qui se soit rencontrée. Un avantage compensait, pour M. Marion, les inconvénients quotidiens de son choix, c’était que le cortège des officiants et du clergé, traversant toute l’assemblée, du péristyle au sanctuaire, pouvait se déployer à l’aise, sans tronquer la pompe du défilé, ni dissimuler la beauté des ornements sacrés. L’imagination de cet ecclésiastique, d’un mérite si distingué, l’emportait souvent un peu loin des choses pratiques ; elle avait je ne sais quoi de grossissant, comme le dit le savant auteur de l’Histoire de Saint-Chamond, M. le doyen James Condamin. Elle le faisait s’enthousiasmer pour tous les projets extraordinaires et son ardeur le jetait dans des élans parfois trop chevaleresques. S’il avait eu pour lui le temps et l’argent, encore suppléait-il par des emprunts au défaut de celui-ci, on l’aurait vu en perpétuel enfantement de grandioses transformations. Sa première impression, en visitant Saint-Bonaventure, avait été que cette église était froide et obscure : il parla tout de suite d’un calorifère et, par tous les moyens, demanda de la lumière. Sur le premier point, son vœu fut remis à plus tard ; l’architecte, pour le second, ne parvint jamais à le contenter.