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La chapelle, réservée aux baptêmes, est plus particulièrement due au zèle de M. l’abbé Marion : la paroisse en manifestait le désir ; une quête, organisée à ce sujet, avait produit 3.660 fr., un don anonyme 2.000 francs ; malgré le déficit croissant que les travaux de la façade, dépassant notoirement les prévisions, imposaient, à tel point qu’ils avaient été suspendus, on ne refusa pas au curé, qui le demandait, d’agir à son gré et sous sa responsabilité. Le procédé avait trop bien réussi jusqu’ici, pour inquiéter les sages. Mais par économie, le stuc remplaça le marbre et la dorure suppléa à l’originalité de la conception. Deux maîtres stucateurs, Cesquino et Aguisetti, se partagèrent la besogne et leurs mémoires eurent bientôt absorbé les fonds. Celui qui fut, à cette époque, la Providence aumônière, intervint à nouveau et M. Guillermet, par un double don, de 4.000 et de 10.000 francs, permit à son pasteur de ne pas s’endetter, il acquitta le prix du vitrail anecdotique du baptême de Clovis, dont l’auteur, M. Barrelon, verrier de Grigny, signa la quittance, le 24 juin 1864. J’incline cependant à croire que ce vénérable ecclésiastique s’entendait mieux à remuer les âmes que les pierres. Des fondations d’ordre spirituel, qui consacrent sa mémoire, l’Archiconfrérie de Saint-Joseph brille à un rang exceptionnel ; cette association de prévoyance religieuse, cette mutualité des vivants, en faveur des trépassés, comptera, en 1913, un demi-siècle d’existence ; mais ce que l’on calculera plus difficilement, c’est le nombre extraordinaire des membres qu’elle a groupés, des grâces obtenues, des messes célébrées, l’élan que ses réunions hebdomadaires du dimanche, ses bulletins mensuels ont imprimé au culte, de plus en plus populaire, du patron universel de l’Église et du modèle des ouvriers et des humbles.

Le cinquième curé de notre paroisse fut M. l’abbé Merley Jules-Mathieu ; il prit possession, le 23 mai 1869, six semaines après que M. Marion eut été emporté, le 10 avril, à Cannes, par la longue et douloureuse maladie, qui avait si héroïquement exercé sa patience. Son nom demeure attaché à la plus imposante et à la plus magnifique manifestation religieuse que les Cordeliers aient connue, dans le cours du xixe siècle ; il la prépara avec un zèle des plus avisés ; il l’ordonna avec un goût intelligent, il n’épargna rien, afin que le succès égalât l’édification. Il s’agissait du sixième centenaire anniversaire de la mort de saint Bonaventure, survenue le 14 ou le 15 juillet 1274. L’illustre cardinal était tombé, au milieu de ses travaux, dans le concile œcuménique assemblé, à Lyon, par le pape Grégoire X. Il avait joué le principal rôle dans les discussions avec les Grecs schismatiques et personne ne doutait qu’il ne fût le plus actif ouvrier de leur réunion à l’église latine. Le 29 juin, il avait entendu, avec quelle émotion et quelle joie, on le devine, chanter le symbole des Apôtres, dans les deux langues, celle de Rome et celle de Constantinople, dans la langue d’Ambroise et dans la langue de Chrysostome. Comme si sa tâche était finie, en rentrant au monastère de ses frères mineurs, il s’alita, prêt à porter à Dieu une conscience aussi exempte de crainte que vide de péchés. Ses funérailles, présidées par le Souverain Pontife, son oraison funèbre, prononcée par l’archevêque de Lyon, Pierre de Tarentaise, le futur Innocent V, une assistance de rois, de princes, d’ambassadeurs, de 400 évêques, furent le plus glorieux témoignage, rendu à la gloire et à la sainteté du docteur, dont Grégoire X avait dit : cecidit columna christianitatis. On ne pouvait prétendre renouveler