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chaire, sous une espèce de reposoir, formé de tentures et de guirlandes d’un arrangement délicat. Une illumination, merveilleuse d’éclat, répand partout la vivacité de ses milliers de lampes et de cierges. Pendant la première semaine, du dimanche 5 juillet au dimanche 12, la grand’messe est célébrée, chaque jour, par une des communautés locales, Jésuites, Dominicains, Lazaristes, Carmes, Capucins ; les institutions de saint Thomas d’Aquin, des Minimes, des Chartreux, le pensionnat de la montée Saint-Barthélémy, l’École Fénelon se chargent tour à tour des chants ; le soir, un religieux mineur, le P. Damascène, porte en chaire la vigueur d’un enseignement apostolique, et la pauvreté de la robe et de la corde, rendues si fameuses par celui-là même qu’il a mission de louer. Cette octave préparatoire achevée, il reste quatre journées, qui seront remplies par des cérémonies plus solennelles encore et par de plus officiels panégyriques. L’épiscopat entre en scène, il célèbre le prince de l’église, aussi humble sous la pourpre que sous la bure monastique, le docteur aussi obéissant dans sa foi que sublime dans les recherches qui ont mené son âme à Dieu. Mgr Callot, évêque d’Oran, ancien curé du Bon Pasteur, préside la messe pontificale ; les orateurs, qui prennent successivement la parole, sont Nosseigneurs David, de Saint-Brieuc, Charbonnel, de Sozopolis, Mermillod, de Genève, Ginoulhiac, de Lyon. L’admiration se partagea et la critique aurait eu de la peine à décerner la palme à l’un ou à l’autre de ces éminents prélats. Entendre l’évêque de Saint-Brieuc fut une joie pour ses compatriotes, qui se souvenaient des succès du missionnaire et du talent de cet aimable émule des Cœur, des Dufêtre et des Plantier. Pour Mgr Mermillod, le noble exilé d’un pouvoir, qui n’avait abdiqué aucune des rancunes, ni aucun des procédés du calvinisme le plus despotique, les Lyonnais étaient toujours prêts à se laisser séduire et subjuguer par une grâce et un charme, qui rappelaient François de Sales, tant admiré et tant aimé de leurs ancêtres. Il examina ce que saint Bonaventure avait été pour son siècle et il se demanda ce qu’il est pour le nôtre : maître des intelligences de son temps, dit-il, il fit entrer la science dans la foi, aujourd’hui son action et ses exemples seraient capables de pénétrer la science par la foi et de l’empêcher d’être superficielle et dissolvante. L’archevêque de Lyon s’était réservé le discours des dernières vêpres et la conclusion doctrinale de ce qui avait été dit et résolu, pendant cet anniversaire inoubliable de la tenue d’un concile et de la mort de celui d’entre les Pères, qui en avait été l’oracle. Sans être un orateur de profession et de haute renommée, autant que les deux précédents, Mgr Ginoulhiac tenait, de ses études profondes sur le dogme catholique, la qualité essentielle pour traiter son sujet ; il n’était indifférent à personne d’entendre raisonner sur la théologie universelle, à propos d’un scolastique aussi voisin de Platon que dépendant d’Aristote, un théologien du xixe siècle, venu après Descartes et de Bonald. L’attente de l’élite de l’auditoire ne fut pas déçue ; si nécessairement incomplète que soit l’analyse sténographiée de ce sermon, la seule qui nous soit parvenue, on devine, avec quelle sûreté d’esprit, la matière fut abordée, avec quelle ampleur, elle fut exposée, avec quel ordre logique, elle se déroula. Au jugement de l’ancien professeur du séminaire de Montpellier, devenu le Primat des Gaules, c’est par la méditation des perfections divines que saint Bonaventure, du reste comme Thomas d’Aquin, s’est élevé à la science et à la sainteté, c’est par elle qu’il cherche à y conduire les âmes, capables de mon-