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ter jusque là. Les meilleures inspirations de l’écrivain sont sorties de cette source ; son gouvernement de maître-général de l’ordre de Saint-François n’a pas eu d’autre règle ; dans le concile même, il n’usa pas d’autre moyen de réfutation, contre les objections des Grecs, pour les ramener à la vérité catholique, à la doctrine du Père, du Fils, du Saint-Esprit, du Saint-Esprit procédant du Père et du Fils. Sur la fin, un passage émut profondément l’assemblée ; Mgr Ginoulhiac, en parlant du concile du xiiie siècle, ne pouvait oublier celui du Vatican, auquel il avait assisté, dont les débats avaient gravement agité son esprit, dont les décisions avaient emporté sa plus filiale adhésion ; ce rapprochement lui suggéra les réflexions suivantes : moins heureuse qu’à Lyon, l’église latine ne vit point, au Vatican, les orientaux se réunir à elle ; mais, en achevant de définir les attributs de la Souveraineté papale, en reconnaissant à Rome le centre de la vérité, comme celui de l’unité, n’a-t-on pas préparé un des moyens les plus sûrs de la réconciliation définitive ? Le moment est-il bien éloigné, où un seul Pasteur ne régnera plus que sur un seul troupeau ? Ainsi le passé prophétise l’avenir, la confiance dans le pape demeure le plus doux des devoirs, et l’universalité de la foi chrétienne, une invincible espérance. Après le rôle qu’il avait joué dans l’assemblée œcuménique, l’archevêque, en s’exprimant de la sorte, témoignait de la droiture de sa conscience et de la sincérité d’une prompte soumission, dont personne n’avait douté. Cette protestation, appuyée par l’allocution entière, eut un retentissement considérable ; elle méritait de franchir l’enceinte, où elle avait retenti, de servir de conclusion à des solennités, qui n’avaient pas mis, en un relief moins brillant que la puissance de nos croyances, le mérite de leurs plus admirables interprètes.

Il serait avantageux d’essayer de calculer les résultats de cette incomparable suite d’apothéoses de la sainteté et de la vérité, d’en préciser les conséquences. Leurs fruits en furent durables ; ils ne s’évaporèrent pas avec la fumée de l’encens et le parfum des fleurs : un grand nombre en fut fortifié, éclairé, encouragé. M. le curé en fut si convaincu, qu’il prit, dans cette pensée, le plus réel dédommagement de ses sollicitudes et de ses fatigues. L’heure était, du reste, remplie des signes les plus consolants d’un réveil de la foi, dans notre pays, si douloureusement éprouvé par les revers de l’année terrible et les convulsions de la commune de Paris. Les aveugles les plus volontaires semblaient ouvrir les yeux à la lumière des principes fondamentaux de l’ordre et de la religion, instruits par l’excès du mal, sorti de la morale sans Dieu et de l’État sans religion. Le centenaire avait coïncidé avec les premiers pèlerinages diocésains à Notre-Dame de Lourdes et au Sacré-Cœur de Paray-le-Monial ; un cercle, fondé par M. de Mun, rue Neyret, donnait les meilleures promesses ; ces jeunes gens avaient souhaité que leur bannière fût unie aux autres, près de la châsse de saint Bonaventure ; l’évêque de Tarentaise, Mgr de Turinaz, venait de prêcher, dans l’église même, en faveur de l’Association de la sanctification du dimanche, propagée par M. de Cissey ; Renan cessait d’être à la mode ; Taine commençait ses recherches d’archives sur l’ancien Régime et la Révolution ; Bossan élevait les assises de la basilique de Fourvière ; il avait donc été opportun de réveiller du passé, de l’histoire d’une des époques les plus chrétiennes, de la vie d’un de ses fils, les plus doctes et les plus miséricordieux, les échos des plus austères vertus et les leçons, les plus nécessaires de civilisation et de progrès par l’Évangile et la Croix.