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saint-romain

chidiacre se réfère à la légende qui entourait l’origine de Saint-Romain. La légende voulait, en effet, que Saint-Romain eût été édifié par les premiers chrétiens de Lyon, sur un bas-fond, où se serait amassé le sang des martyrs descendu de la Croix de Colle par le Gourguillon. Bullioud qui la rapporte note aussi que, par respect pour ce souvenir, on n’inhumait pas dans l’église.

Cependant, lorsque Guillaume de Bames avait été autorisé par le Chapitre à faire commencer les travaux de sa chapelle, on lui avait permis en même temps de s’y faire inhumer. Cette autorisation avait-elle été suivie d’effet ? Quoi qu’il en soit, Jean Faure avait fait lui aussi élection de sépulture dans sa chapelle Notre-Dame de Bon Refuge, mais, lorsque cette clause dut être exécutée, l’archidiacre Antoine de Gibertès s’y opposa, « la dite élection étant contre la vénération et sainteté de la dite église, procédant du sang des martyrs arrêté en icelle, où, pour cette cause, on n’a jamais mis en terre ». Faisant droit à cette opposition, les chanoines décidèrent que Jean Faure serait inhumé à Saint-Pierre-le-Vieux, au tombeau de Martin Bazoud, son oncle.

Entre la construction des deux chapelles se place la restauration de l’église elle-même, et la reconstruction complète de son portail. Ces travaux furent exécutés pendant les années 1560 et 1361, et, comme les Laurencin, alors établis sur la paroisse, contribuèrent pour une très grosse part à leur paiement, les armes de cette famille furent placées à la voûte de l’église.

Dans cette note sur Saint-Romain, il n’est pas superflu de dire quelques mots de la maison destinée au logement de son desservant. Il est facile de la reconnaître dans le plan scénographique, « devant Saint-Romain, jouxte la porte d’entrée de la dicte église, la rue entre deux, de matin, l’archidiaconé de vent, et une maison canoniale de bize et soir ». Au xviie siècle, ce bâtiment était dans un tel état de ruines, que, le 22 février 1665, les paroissiens avaient dû se réunir pour délibérer sur le parti à prendre à son sujet. La question était délicate ; la paroisse, d’une étendue fort restreinte, ayant peu de ressources. Cependant, les deux rapports dressés sur l’état de la maison curiale concluaient tous deux à la nécessité absolue de sa démolition et de sa reconstruction ; le coût de cette dernière n’était pas estimé moins de 4.000 livres. Heureusement, un quart de siècle auparavant, le curé précédent, Michel Combet, avait fait élever, << dans le cimetière, du côté de matin », un bâtiment destiné à loger un prêtre et à recevoir les ornements de l’église. Le 4 avril 1666, les paroissiens décidèrent que cette maison servirait de cure à l’avenir. Quant à l’ancienne, elle devait être louée et son loyer versé en déduction des charges imposées par Combet sur la nouvelle ; en vertu de cette décision, elle fut effectivement louée, le 21 mars 1669, à Charles Tardy, maître charpentier.

Un siècle plus tard, il fallut prendre une décision pour l’église elle-même, qui, dans son état de vétusté, constituait un danger public. On songea un moment à la faire reconstruire, et, le 27 juin 1743, au moment où le Chapitre décidait d’en faire l’acquisition, l’archidiacre François-Alexandre d’Albon, offrait, en cas de reconstruction, l’autorisation d’appuyer le nouvel édifice contre le mur de l’archidiaconé. Mais ce projet n’eut pas de suite ; le 20 août, le cardinal de Tencin, archevêque, prononçait l’interdit de la chapelle,