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sœurs saint-vincent de paul

ver au cœur. Les cérémonies religieuses terminées, il distribue à ses pensionnaires les effets d’habillement qu’il a pu se procurer, car s’il ne demande rien pour lui, il ne craint pas de demander pour ses enfants, et il arrive à Roanne chargé de souliers, de pantalons, de vestes, et d’autres vêtements également nécessaires dont il fait la distribution ».

Il se gardait bien de négliger les besoins moraux de ses prisonniers. Il avait fait établir à ses frais « dans chaque classe de détenus, c’est-à-dire dans le bâtiment des hommes et dans celui des femmes, deux bibliothèques composées chacune d’une centaine de volumes ». Tant de soins trouvaient d’ailleurs un écho dans l’âme de ces malheureux. Un jour dans l’année ils réunissaient le peu d’argent qu’ils avaient pu économiser aux dépens de leur appétit, et achetaient des fleurs ; c’était la Saint-André, fête de l’abbé Perrin.

Pour donner une idée de l’affection dont il était entouré, et du dévouement qu’il apportait à ses fonctions, il suffira de rapporter l’anecdote suivante bien suggestive. « Un jour, qu’on guillotinait sur la place des Minimes, l’abbé Perrin accompagnait un malheureux condamné à mort pour assassinat. Arrivé au pied de l’échafaud, le patient le pria d’y monter avec lui, et, voulant accomplir ce dernier vœu d’un mourant, l’abbé Perrin monta ; mais n’ayant pas vu la fatale bascule qui attendait béante le corps du supplicié, il y glissa et se fit une blessure grave. Remonté sur les fatales planches par l’exécuteur lui-même, qu’il appela à son aide, l’abbé Perrin, oubliant son mal, continua ses saintes exhortations au patient qui, se tournant avec intérêt vers lui, lui dit : « Vous vous êtes fait mal, Monsieur Perrin, et c’est pour moi ! — Ne songe pas à moi, mon enfant, lui répondit le digne prêtre, songe à Dieu devant qui tu vas paraître ». Et il lui donna le dernier baiser d’adieu. L’abbé Perrin se rappela toujours ce mot si étrange du condamné qui oubliait que sa tête allait tomber pour s’apitoyer sur la blessure dont il était la cause involontaire. Le bon abbé Perrin mourut le 4 mars 1844, et les regrets unanimes l’accompagnèrent à ce point qu’il circula presque aussitôt toute une imagerie populaire représentant le portrait du héros et les principaux traits de sa vie.

SŒURS SAINT-VINCENT DE PAUL

Vers le milieu du xviie siècle, une association de Dames de la Charité fut fondée à Lyon sous le nom et le patronage de sainte Françoise, veuve romaine canonisée en 1606. Cette œuvre étendait son action bienfaisante sur les paroisses Saint-Pierre-le-Vieux et Sainte-Croix, remplacées depuis le Concordat par la paroisse Saint-Jean, et sur la paroisse Saint-Georges qui a été conservée.

Une notice historique de l’œuvre de sainte Françoise fut commencée par M. l’abbé Rozier, curé archiprêtre de Saint-Jean de 1842 à son décès le 30 mai 1859. Malheureusement son travail ne put être terminé et il s’arrête à la révolution. Tout ce que nous dirons